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  • « Si l’État a des besoins de main-d’oeuvre, qu’il nous embauche » | Tiphaine Guéret
    http://cqfd-journal.org/Si-l-Etat-a-des-besoins-de-main-d

    Après avoir passé plus de deux mois à confectionner masques et surblouses bénévolement, de nombreuses couturières ont pris conscience que leur élan de solidarité était en passe d’être récupéré. Des mairies qui font œuvrer des professionnelles sans les rémunérer et des entreprises qui les paient moins de 3 € de l’heure : bienvenue dans le monde merveilleux du travail gratuit au féminin, mis en lumière par la crise sanitaire. Source : CQFD

    • Si les couturières s’étonnent que certaines collectivités attendent d’elles qu’elles turbinent sans contrepartie financière, pour Maud Simonet, sociologue et autrice de Travail gratuit : la nouvelle exploitation [2], ce phénomène n’est pas nouveau : « Cela fait un moment que les pouvoirs publics mettent au travail une partie de la population gratuitement ou presque, à travers le bénévolat ou les services civiques. » Pour la chercheuse, « cette crise est un énorme coup de projecteur sur ce qu’on tente de souligner depuis longtemps : les femmes sont particulièrement impactées par le recours au travail gratuit, attendu d’elles notamment au nom des “valeurs”. Dans le cas des couturières, on invoque la solidarité et la citoyenneté pour leur dénier le statut de travailleuses. »

      Ces propos font écho à l’analyse de Rachel Bento Canastra, une professionnelle de la confection textile qui a rejoint Bas les masques ! à sa création, tout en continuant à s’échiner bénévolement : « Le boulot gratuit qu’on nous demande aujourd’hui répond à ce qu’on attend des femmes en général : qu’elles prennent soin et protègent sans rien demander en retour. Résultat, ce sont elles qui tiennent à bout de bras une bonne partie de l’effort sanitaire du pays. »

      Quitte à finir au bout du rouleau : « J’ai passé 12 heures par jour sur ma machine pendant plus de deux mois et malgré ça, j’ai ressenti de la culpabilité, j’avais l’impression de ne jamais en faire assez », se souvient Christie Bellay. La cofondatrice du collectif, qui a recueilli de nombreux témoignages, s’alarme d’ailleurs de la quantité de cas de burn-out recensés. Là encore, pour Maud Simonet, rien de nouveau sous le soleil : « Dans le travail gratuit, on trouve ces notions d’irrévocabilité et de disponibilité constante qui peuvent amener à ce genre d’état. On peine à s’arrêter, on continue le week-end, parce qu’encore une fois, on travaille au nom de valeurs, insiste la sociologue. Ces fonctionnements sont favorisés par le fait que ce travail n’est pas encadré légalement, qu’aucun horaire n’est fixé ou encore qu’il n’y a pas d’organisation syndicale. »