• Bruxelles dépose le bilan des gaz de schiste

    http://www.journaldelenvironnement.net/article/bruxelles-depose-le-bilan-des-gaz-de-schiste,30633

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    http://www.journaldelenvironnement.net/article/gaz-de-schiste-la-fuite-fatale,27604
    http://ec.europa.eu/clima/policies/eccp/docs/120815_final_report_en.pdf
    http://ec.europa.eu/dgs/jrc/downloads/jrc_report_2012_09_unconventional_gas.pdf
    http://www.journaldelenvironnement.net/article/les-etats-unis-vont-pouvoir-pomper-moins-de-gaz-de-schiste-
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    La Commission européenne a publié, vendredi 7 septembre, trois rapports dressant le bilan sanitaire et environnemental, climatique et économique d’une (encore) hypothétique exploitation des gaz non conventionnels en Europe. Verdict : c’est sale, pas sûr, non encadré juridiquement. Et cela ne donnera jamais l’indépendance énergétique au continent.

    […]

    Une longue litanie d’impacts négatifs… Le rapport révèle, entre autres, une consommation d’eau beaucoup plus importante que pour des techniques conventionnelles ; une production de gaz moindre. Il révèle la difficulté de limiter les fuites de produits chimiques et le volume d’eau usée en phase d’exploitation ou encore la difficulté d’assurer l’étanchéité du puits et des équipements durant la mise en service et l’exploitation.

    Il parle aussi du défi dans la sélection du site géologique, de la toxicité potentielle des additifs employés et du défi de trouver des alternatives moins nocives à ces produits chimiques.

    En matière d’occupation des sols, la fracturation hydraulique est gourmande en terres. Chaque zone de forage (soit environ une dizaine de puits par zone) s’étend sur 3,6 hectare : deux fois plus que pour un forage conventionne*l. Un *minimum de 50 puits est nécessaire pour atteindre le même niveau de production qu’un puits en mer du Nord. Des terrains supplémentaires sont nécessaires en cas de re-forage. Last but not least : un puits peut connaître jusqu’à quatre fracturations sur une durée de vie totale du puits estimée à 40 ans.

    Quant aux pollutions atmosphériques, les fuites de gaz de schiste peuvent potentiellement avoir un impact important sur la couche d’ozone. Les émissions des pompes, des installations présentes sur le site ne sont pas négligeables. Et quid des puits abandonnés lorsqu’ils sont mal scellés et qu’ils laissent échapper du gaz naturel, du méthane…

    Le bruit de l’excavation, du transport du matériel et des rotations de véhicules est un autre facteur à prendre en compte. Surtout que la phase de préparation du site peut s’étaler sur 4 semaines. Le rapport de la commission estime que chaque zone de forage pourrait être à l’origine de 800 à 2.500 jours de pollution sonore pendant la période de pré-production.

    En matière de contamination de l’eau de surface et des aquifères, le risque de pollution est élevé quel que soit la phase de production.

    La biodiversité, elle aussi, en serait affectée. Les auteurs du rapport évoquent la dégradation ou la disparition totale du milieu, en raison de prélèvements excessifs d’eau. Ils pointent également le fractionnement de l’habitat par la construction d’une route ou l’introduction d’espèces invasives via l’eau.

    Pour le trafic routier, ils estiment entre 7.000 et 11.000 le nombre de rotations de camions pour un seul site, pendant la phase de construction et de mise en service. Mêmes s’ils sont provisoires, ces mouvements peuvent durablement affecter les routes locales et régionales. Un total de 250 camions est requis, par jour, pour une seule zone de forage.

    L’exploitation des gaz de schiste induit deux types de sismicité. La première est directement liée à la fracturation hydraulique, avec des séismes pouvant aller jusqu’à un niveau 3 sur l’échelle de Richter mais peu perceptibles en surface. L’autre est générée par l’injection d’eau usée qui lorsqu’elle rejoint une faille géologique, peut provoquer un tremblement de terre. Ce phénomène est perceptible par le public mais pas sur le site de forage.

    Selon le rapport de la DG Environnement, l’exploitation des gaz de schiste pourrait bien passer à travers les failles de la réglementation européenne.

    […]

    Autre cas de figure, les gaz de schiste pourraient bénéficier d’un certain flou artistique quant à l’application des textes européens. Selon la réglementation IPPC, le fait que la dangerosité des fluides de fracturation n’est pas prouvée permettrait d’échapper à l’obligation d’un dépôt de permis d’exploitation. Aucun monitoring du puits et de l’exploitation ne serait alors exigé...

    Mais ce n’est pas tout. Ces derniers mois, les experts se sont déchaînés. Les pro et les anti gaz de schiste ne cessant de s’envoyer leur bilan carbone à la tête. Chez ces derniers, Robert Howarth (université Cornell) en tête, les fuites de méthane sont telles que l’empreinte climatique des gaz de schiste est pire que celle du… charbon {JDLE]. Pour les foreurs, ce genre d’estimation relève de l’affabulation.

    Dans le rapport commandé par la Direction générale de l’action climatique, les propos sont plus nuancés. Ses auteurs estiment que le bilan carbone de l’électricité produite à partir de gaz de schiste (transporté par gazoduc) est de 4% à 8% moins favorable que celui du courant produit avec du gaz naturel. En cause, les fuites qui interviennent généralement lors de la récupération des fluides de fracturation, chargés du précieux méthane. Ces pertes pourraient être réduites par la mise en œuvre d’un meilleur système d’extraction ou par le torchage des gaz non utilisés. Ce qui permettrait d’abattre de 2% ou 3% le surpoids de carbone du gaz non conventionnel par rapport au gaz naturel. Dans le cas contraire, estiment les experts européens, mieux vaudrait (au plan climatique) importer du gaz naturel liquéfié plutôt que de développer l’exploitation de gaz non conventionnels.

    Autre interrogation : les gaz non conventionnels (GNC) vont-ils révolutionner les marchés de l’énergie en Europe ? Question fondamentale à laquelle il est presque impossible de répondre, tant les incertitudes sont grandes. Une dizaine de chercheurs du centre communautaire de recherches (JRC) et d’experts de la Direction générale de l’énergie se sont pourtant prêtés au jeu.

    Dans leur volumineux rapport, ils tentent tout d’abord d’évaluer les réserves potentielles de gaz non conventionnels. […]

    L’Europe n’a pas à rougir de tels chiffres. Son sous-sol pourrait receler une quinzaine de milliards de tonnes équivalent pétrole, dont l’essentiel se trouverait en Europe occidentale. A supposer que ces molécules soient bien là, encore faut-il savoir ce que l’on pourra effectivement extraire des profondeurs « hydro-fracturées ». « Pour le gaz de schiste, expliquent les auteurs, le taux effectif de récupération varie de 15% à 40%. »

    […]

    #gazdeschiste #schiste #pétrole #ecologie