• Enquête militante sur les logiciels de recueil de données en Psychiatrie. Pour construire la grève des données. Printemps de la psychiatrie, avril 2020
    https://printempsdelapsychiatrie.files.wordpress.com/2020/04/enquc3aate-militante-sur-les-logiciels-de-recueil-de-donnc3a9es-en-psychiatrie.pdf

    C’est quoi, aujourd’hui, le rond-point de la psychiatrie ? »
    Question posée par une participante aux semaines de la Folie Ordinaire Franciliennes

    « Dix ans de travail acharné de toute une équipe ... simplement pour un sourire ! Je les avais applaudis, ça valait la peine. Un dis- cours pareil, il y a des gens qui ne le comprendront jamais. Et ce ne sont même pas des utilitaristes à la Stuart Mill. C’est bien plus terrible que ça ; parce que Stuart Mill était un peu demeuré. Mais ceux-là pas, ce sont des technocrates bien formés ! »
    Jean Oury, Séminaire de Sainte Anne – Le Collectif

    L’enquête qui suit est le fruit de nombreux échanges au sein de la Commission contre les outils gestionnaires (réunissant des soignants travaillant en psychiatrie et des personnes issues d’autres secteurs) créée pendant le Printemps de la Psychiatrie . Elle se veut être une contribution à la lutte contre la destruction d’une psychiatrie publique à visage humain, basée sur l’accueil, l’écoute et la relation. Cette lutte s’inspire des expériences d’accueil de la souffrance psychique ouvertes entre autres par le désaliénisme (Bonnafé) et la psychothérapie institutionnelle (Tosquelles) ainsi que de toutes les tentatives qui ont poussé à une modification des possibles en psychiatrie. L’idée du secteur tel qu’il a été mis en place dès 1960 doit rester que chacun, quels que soient son lieu d’habitation et sa situation sociale, puisse avoir accès à des soins psychiques de qualité (Delion).

    Nous nous inscrivons dans un champ de pratiques hétérogènes qui respectent la singularité, l’histoire et le vécu des patients. Des pratiques qui tiennent compte de la globalité du sujet et de l’intrication du vécu psychique, propre à son histoire, avec ses conditions d’existence, relevant quant à elles de l’environnement social et politique. Car sans la prise en compte de la double aliénation psycho-sociale du sujet, le psychiatre finit par se prendre pour le psychiatre et le fou n’a plus qu’à se prendre pour le fou (Oury). Autrement dit, « sans la reconnaissance de la valeur humaine de la folie, c’est l’homme même qui disparaît » (Tosquelles). À ce titre, nous nous inscrivons en opposition à la réduction de l’action thérapeutique à un simple abaissement des symptômes pour « stabiliser » les patients par le seul recours aux médicaments (psychotropes, neuroleptiques, antidépresseurs etc.) ou aux actions de type remédiations cognitives et autres approches comportementales qui ont pour but la réinsertion et la normalisation des comportements déviants.

    Nous prenons aussi pour acquis qu’à l’instar de toute institution, si l’institution psychiatrique ne fait pas l’objet d’une analyse critique quotidienne par celles et ceux qui y travaillent, elle devient nocive pour les patients qui y séjournent, par le truchement de mécanismes d’autoconservation et la potentialisation de dérives perverses et maltraitantes. Cet héritage culturel et théorique constitue l’arrière-plan à partir duquel se tissera la réflexion de cet article autour des logiciels de recueil de données en psychiatrie.

    #enquête_militante #psychiatrie