Lukas Stella

INTOXICATION MENTALE, Représentation, confusion, aliénation et servitude, Éditions L’Harmattan, 2018. — L’INVENTION DE LA CRISE, 
Escroquerie sur un futur en perdition, Éditions L’Harmattan, 2012. — STRATAGÈMES DU CHANGEMENT De l’illusion de l’invraisemblable à l’invention des possibles Éditions Libertaires, 2009. — ABORDAGES INFORMATIQUES (La machine à réduire) Croyances informatisées dans l’ordre des choses marchandes, Éditions du Monde libertaire - Alternative Libertaire, 2002 — http://inventin.lautre.net/linvecris.html

  • ADDICTIONS TOXIQUES

    Dans ce monde de compétition, de performance à outrance, l’individu conforme est un envieux insatisfait, un gagnant orgueilleux, un égocentrique mégalomane, un pervers narcissique qui en abusant des gens et de son autorité, réussit et n’admet jamais sa défaite. Il faut gagner à tout prix, accéder au pouvoir par n’importe quel moyen, se débarrasser de tout obstacle par un climat de peur dans une méfiance générale.

    Les gestionnaires du désastre sont des fous du pouvoir, des illuminés de la domination, des maniaques de la manipulation, régénérés par la perversion, obsédés par la prédation. Ils s’infiltrent, s’agglutinent, parasitent, bonimentent, ensorcellent, capturent, contaminent, intoxiquent...

    Cette nouvelle non-culture narcissique surdéveloppée par l’égocentrisme du profit personnel et de la concurrence la plus brutale est en train de s’imposer partout, de manière fondamentalement barbare, perverse et sadique.

    Le narcissisme consumériste de masse est une fuite permanente, un épuisement dépressif provoqué par une pression normative extrême, répandue de partout par les nouvelles technologies communicantes. Pris dans le manège harassant des apparences à sauver tout le temps, l’individu n’est plus lui-même, mais parasité en permanence, comblé par un vide assourdissant qui prend toute la place.

    Le spectateur s’identifie aux rôles des représentations qu’il consomme. Cette déréalisation le détache de lui-même, il se sent comme un observateur de son existence. Son identité est troublée et sa conscience perturbée, il a l’impression d’être irréel, il n’est plus que le spectateur de sa propre vie.

    La société ne considère pas le spectateur dépersonnalisé comme un malade, mais au contraire comme l’exemple évident d’une adaptation réussie à une normalité inévitable. Le spectateur consomme sa vie comme une marchandise de supermarché, il est le publicitaire imparfait qui tente en permanence de parfaire sa non-existence en représentation.
    Dans le monde de la séparation, l’unité de la vie ne peut se faire que de façon spectaculaire, un monde à part, contemplé comme objet inaccessible. Cette mise en scène d’un consensus imaginaire constitue un monde fictionné fractionné, où la mystification intégrée désintègre de la vie. Diviser pour régner, fragmenter, morceler, catégoriser, séparer à tous les niveaux sont les conditions nécessaires à l’unification illusoire de ce système dans sa représentation ostentatoire, sa mise en spectacle.

    La consommation frénétique de sa vie en représentation transforme tout comportement en marchandise impersonnelle négociée dans le spectacle unificateur de la servitude délibérée.
    Exilé de sa propre vie, le spectateur de son existence s’éloigne des autres dans la représentation unificatrice d’une communauté factice.

    Lukas Stella, Intoxication mentale,
    représentation, confusion, aliénation et servitude (extraits).
    http://inventin.lautre.net/linvecris.html#intoxment
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