CEPED_MIGRINTER_ICMigrations_santé

Fil d’actualités Covid19-Migration-santé (veronique.petit@ird.fr) relié à CEPED-MIGRINTER-IC MIGRATIONS.

  • « Cette traversée ne peut rapporter que la mort » : en Tunisie, les familles pleurent leurs « harraga »
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/08/26/cette-traversee-ne-peut-rapporter-que-la-mort-en-tunisie-les-familles-pleure

    Dans ce coin de Tunisie, les candidats à l’exil connaissent la réponse à cette maudite question. « C’est le dégoûtage », disent-ils pour exprimer leur ras-le-bol. « Dégoûtage » de voir, impuissants, leur pays sombrer sans leur offrir aucun avenir. Depuis la révolution de 2011, qui a mis un terme à la dictature de Ben Ali, l’économie de la Tunisie s’est dégradée. En neuf ans, le salaire minimum n’a guère augmenté (400 dinars, soit environ 120 euros). Et ce printemps, la pandémie de Covid-19 a porté l’estocade. Le tourisme est en berne (des recettes divisées par deux en juillet, selon la Banque centrale), l’économie en chute libre, le PIB a lourdement diminué de 21,6 % au deuxième semestre, selon l’Institut national de la statistique. Et le taux de chômage atteint désormais les 18 %…Alors pour cette jeunesse, diplômée ou non, l’exode vers l’Italie reste l’unique solution, au point qu’au cours des douze derniers mois, les Tunisiens représentent près de la moitié des migrants arrivés illégalement dans le pays. Cet exil clandestin a d’ailleurs poussé Rome à hausser le ton et à dépêcher ses ministres des affaires étrangères et de l’intérieur à Tunis le 17 août. Mais les explications socio-économiques ne convainquent pas le père de Helmi. Son fils était « heureux » en Tunisie, « il ne manquait de rien », assure-t-il. « Moi j’ai un garage et un petit commerce. » Helmi, lui, avait travaillé à Tunis sur un chantier de construction. Pieux, souriant, s’occupant comme un second papa de son frère et de sa sœur, le jeune homme n’avait « jamais contrarié » ses parents. Il venait même de décrocher un contrat de travail en Italie et préparait son visa. « Je pensais que mon fils allait partir de façon légale et j’en étais fier. Mais des gens, des trafiquants, des assassins, lui ont fait croire qu’il était plus rapide et moins cher de brûler, raconte Ahmed Ghédir en serrant les dents. Un visa, c’est long, alors que la traversée coûte 5 500 dinars [1 685 euros] et se fait en quelques heures. » Pour ce « voyage », Helmi a puisé dans ses économies et vendu sa voiture, une Peugeot Partner. Le 25 juillet au soir, Ahmed Ghédir ne savait pas que son fils allait prendre le large tout près de la ville côtière de Mahdia... C’est sur le chemin que Helmi l’a appelé pour lui annoncer qu’il était en route pour l’Italie et lui demander « pardon ». 2 jours plus tard, son corps était retrouvé sur la plage de la Louza, entre Sfax et Mahdia. « J’ai un message pour les autres jeunes : ne brûlez pas, ne brûlez pas ! », lance sa mère en larmes.

    #Covid-19#migrant#migration#tunisie#italie#sante#mortalite#harraga#economie