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Fil d’actualités Covid19-Migration-santé (veronique.petit@ird.fr) relié à CEPED-MIGRINTER-IC MIGRATIONS.

  • En Syrie, le régime Assad reste dans le déni malgré la progression du Covid-19
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/08/29/en-syrie-le-regime-assad-reste-dans-le-deni-malgre-la-progression-du-covid-1

    « La frontière entre le Liban et la Syrie est toujours fermée, à moins d’avoir une recommandation ou une autorisation spéciale. Tout le monde à Damas me dit de ne pas venir, car les cas de Covid-19 explosent. La situation est encore pire à Alep, en termes de contamination et de manques de lits. Les fils Facebook se transforment en carnets de condoléances », raconte un homme d’affaires qui vit entre Beyrouth et Damas.« Cela fait deux jours que je n’avais pas ouvert mon compte Facebook et, aujourd’hui, ce ne sont que des condoléances. Que celui qui n’est pas mort ou tombé malade me laisse un message », commente sarcastiquement un activiste, pourtant prorégime, qui suggère aux morgues de publier le nombre de décès plutôt que de laisser cette tâche au ministère de la santé.Début août, le directeur adjoint de la direction de la santé du gouvernorat de Damas estimait à 100 000 le nombre de cas probables dans la capitale et ses environs en se basant sur le nombre de décès, une centaine par jour. Signe d’une détérioration de la situation dans l’agglomération, de nombreux cas « suspects » sont répertoriés en province chez des malades ayant récemment séjourné à Damas.Dans un pays ravagé par neuf ans de guerre, le régime syrien avait initialement imposé un début de confinement, fermé les écoles, interdit les prières collectives et limité les déplacements avant de rapidement assouplir les mesures les plus contraignantes par crainte d’un effondrement économique. « Les impacts socioéconomiques du Covid-19, notamment sur la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance, sont susceptibles d’exacerber les besoins humanitaires substantiels du pays », prévient l’Organisation mondiale de la santé (OMS). A un système de santé délabré s’ajoute l’impact des sanctions internationales mises en place par les pays occidentaux et une partie des pays membres de la Ligue arabe. « On manque de tout d’un point de vue médical en Syrie, de lits, d’oxygène… Ce sont d’abord les sanctions [occidentales] qui sont en cause : elles ne visent peut-être pas les médicaments, mais des sociétés surréagissent quand elles entendent le mot “Syrie”. Elles préfèrent ne pas négocier par crainte d’être pénalisées. Ainsi, une usine pharmaceutique à Damas qui importe les matières premières depuis l’Inde, via le port de Beyrouth, s’est vu récemment refuser une importation par son partenaire indien. La Syrie n’a plus, non plus, les qualifications médicales, tant les médecins sont nombreux à être partis », ajoute l’homme d’affaires. Loin d’être contenue dans les zones gouvernementales, l’évolution de la pandémie dans les vastes territoires contrôlés par les Forces démocratiques syriennes (FDS, à dominante kurde) dans le nord-est du pays inquiète aussi les humanitaires. « Il ne fait aucun doute que nous assistons à une augmentation des cas de Covid-19 dans le nord-est de la Syrie. Au 24 août, il y avait 394 cas confirmés. Les tests sont en nombre limité, mais, parmi ceux qui sont effectués, environ la moitié donne un résultat positif. Cela démontre que les taux de transmission sont élevés et que beaucoup plus de tests sont nécessaires », estime Will Turner, responsable des programmes d’urgence pour la Syrie à Médecins sans frontières (MSF). « Les villes de Hassaké et Qamishli sont les foyers les plus actifs. Nous craignons que cela ne se déplace bientôt vers Rakka, une autre zone densément peuplée qui accueille un grand nombre de personnes déplacées et qui ne se remet toujours pas des destructions de la guerre. Les services de santé sont rares et l’accès à l’eau et à l’assainissement est médiocre », poursuit Will Turner. « Entre la dépréciation des monnaies locales et l’explosion des cas de Covid-19, le risque d’une crise humanitaire de plus grande ampleur existe, tant en Syrie qu’au Liban : tout le monde vit sur ses réserves », conclut l’économiste franco-syrien Samir Aïta.

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