• « Les SUV sont des machines à tuer »
    https://usbeketrica.com/article/les-suv-sont-des-machines-a-tuer

    En octobre 2019, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) aboutissait à une conclusion qui avait surpris ses propres chercheurs : les SUV ont été la 2e source d’augmentation des émissions de CO2 dans le monde entre 2010 et 2018, après le secteur de l’énergie, mais devant l’industrie lourde, les poids lourds ou l’aviation... Chaque année, les SUV émettent 700 mégatonnes de CO2, environ l’équivalent de ce qu’émettent le Royaume-Uni et les Pays-Bas réunis, note le Guardian. Si tous les conducteurs de SUV s’alliaient pour former un pays, celui-ci se classerait à la 7e place des plus grands émetteurs au monde.

    Le lobbying de l’industrie automobile ayant permis de les classer, dans les années 1980, comme des « camions légers » plutôt que comme des voitures, les SUV échappent à la régulation classique de consommation de carburant. Ils ont aussi été « marketés » par les constructeurs « en suivant les critères auxquels les gens accordent de l’importance, estime Harvey Miller : machisme (« macho-ness », ndlr), robustesse, protection de la famille, et en les exploitant. » « Les SUV ont des noms de montagnes et d’endroits où vous n’irez jamais », poursuit-il - nous avons en effet admiré les paysages désertiques de l’Utah sur la plupart des photos de SUV consultées pour illustrer pour cet article - tandis qu’ils sont de plus en plus utilisés en ville, pour des trajets courts, loin de toute aventure. Et ce en consommant un espace toujours plus grand : en témoigne la place dédiée aux parkings à Los Angeles, « qui équivaut à la superficie de Manhattan. »

    En 2019, 38% des véhicules vendus en France étaient des SUV, « alors qu’en 2009, on était à 5% », rappellait Mathieu Chassignet, ingénieur mobilité et qualité de l’air à l’ADEME, dans un article où nous évoquions quatre pistes pour sortir du « tout voiture » en ville. Les SUV se vendent toujours plus, en polluant plus, sans qu’un malus soit pour l’instant imposé. Un amendement déposé en ce sens en octobre 2019 à l’Assemblée a été rejeté. Mais en France comme dans d’autres pays en Europe, le débat existe désormais. Aux États-Unis, en revanche, « la domination des SUV ne va faire que s’étendre », assure Stephanie Brinley, une analyste du secteur chez IHS Markit, un cabinet qui prévoit qu’en 2020 les SUV représenteront pour la première fois la moitié des ventes de voitures neuves, et que ce niveau pourrait atteindre 54% en 2025.