Pierre Coutil

de celles et ceux qui marchent avec… (enfin qu’essayent).

  • Seine-Saint-Denis : Quatre mille écoliers absents, classes fermées… Des parents d’élèves dénoncent une « rentrée chaotique » (20 minutes)
    https://www.20minutes.fr/paris/2855947-20200907-seine-saint-denis-quatre-mille-ecoliers-absents-classes-f

    Près de 4.000 élèves – dont 500 pour la ville de Saint-Denis – sur plus de 200.000 enfants, n’ont pas retrouvé le chemin de l’école en Seine-Saint-Denis.
    Vingt et une classes ont été fermées par les autorités académiques du département.
    « Nous sommes consternés. C’est une rentrée chaotique », déplore Alixe Rivière, coprésidente de la fédération de parents d’élèves FCPE 93 sollicité par 20 Minutes.

    Source FCPE : https://www.fcpe-ucl-montreuil.fr/4021-disparitions-suspectes-dans-les-ecoles-de-seine-saint-denis

    Si l’information est vérifiée, on ne peut qu’être frappé par le manque de suivi de cette disparition à la rentrée de 2% des élèves.
    – Où sont-ils ? Des décrocheurs du confinement ayant basculés dans la déscolarisation après 2 mois de vacances ? Des enfants de familles refusant les conditions de scolarisation prévues par le(s) protocole(s) ? parce que trop contraignant ? parce que pas assez rassurant ? Des élèves passés dans le privé ? avec quelles motivations ?
    – Observe-t-on un phénomène similaire ailleurs ? avec une corrélation avec un profil sociologique de famille ?

    #éducation #élèves #rentrée_scolaire

    • Nan mais sérieusement :

      En réalité, seuls 170 écoliers n’ont pas repris les cours dans le département, assure désormais le rectorat. « Il y a toujours un écart entre le chiffre prévisionnel et les effectifs réels le jour de la rentrée », rappelle l’académie, qui a désormais consolidé ses chiffres mais avait bien confirmé celui de 4.000 début septembre. Et de préciser : « Il y a eu une erreur dans le recueil des données prévisionnelles qui sont élaborées par l’Education nationale en collaboration avec les villes. Le confinement a sans doute complexifié le recueil de ces données ».

      #il_y_a_toujours_un_écart #complexifié_le_recueil_des_données

      Maintenant il serait intéressant de savoir à quel point cet « écart » a servi à justifier les discours officiels sur les élèves « décrocheurs » à cause du confinement, et sur le besoin de rouvrir les classes « quoi qu’il en coûte » (ces « 4000 » écoliers absents déplaçant la justification de l’ouverture des classes vers sur la santé mentales et la scolarisation des enfants, plutôt que de se focaliser sur besoin économique de faire garder les enfants pour que les parents puissent aller travailler).

    • Le chiffre ministériel des élèves décrocheurs a été de 4%. Il ne sort de nulle part et je n’ai vu aucun journaliste le remettre en cause.
      Illustration avec ma classe en éducation prioritaire, pendant le confinement :
      – j’ai perdu tout contact avec la famille/l’élève : 10%
      – j’ai maintenu un contact avec la famille sans pouvoir mettre en place des temps de travail : 30%
      – j’ai maintenu un contact avec la famille et les temps de travail mis en place n’étaient ni significatifs ni utiles : 30%
      – j’ai pu travailler régulièrement avec les élèves et/ou leur famille les ont suivi sérieusement sur la base de documents distribués et outils mis en place ou de leur propre initiative : 30%.
      Comme même ces derniers élèves ont fini par régresser vers le milieu du confinement, je considère d’un point de vue pédagogique (en terme de résultats) que 100% des élèves de ma classe étaient décrocheurs.
      Si on essaye d’être plus nuancé et de compter en terme de moyens et non de résultats, d’accompagnement et non d’apprentissage, disons alors que 70% de mes élèves étaient décrocheurs.
      Lorsque la hiérarchie m’a appelé pour connaître le nombre de décrocheurs, le critère était « avez-vous eu un contact même ponctuel avec la famille ? », le chiffre remonté pour ma classe était donc 10%.

      J’en déduis que le nombre d’élève décrocheurs a été très très sous-évalué parce qu’il fallait annoncer que tout allait bien dans la logique du « on est prêt ».
      D’un point de vue scolaire le distanciel a été massivement un échec (pour de multiples raisons qui demanderaient à être pensées et analysées), donc oui du strict point de vue de la scolarité et des inégalités le retour en présentiel était nécessaire.
      Mais la logique du ministère est autre : on rouvre pour renvoyer les familles au travail sans se donner les moyens d’un présentiel par temps de COVID (pas plus qu’on s’est donné les moyens d’un distanciel d’ailleurs).
      Le Ministère n’a pas besoin d’écarts pour justifier ceci ou cela, il s’adapte au discours gouvernemental quitte avec être en contradiction avec les chiffres (truqués ou pas) et quitte à être en contradiction avec lui-même.
      Exemple : qu’est devenue l’expérimentation des 2S2C qui a mobilisé les équipes après le confinement ? Quid de la promesse du dédoublement des classes si la circulation du virus redevenait importante ? (poke @caro)

    • Nous, on est l’ultraminorité des planqués  : on a vu la nature du non-protocole sanitaire de rentrée et on a juste dit «  non, on n’y va pas  ». On pensait que la situation sanitaire allait se dégrader à partir de la rentrée (on n’a pas été déçu) et que les décideurs finiraient par arrêter leur conneries et revenir à des mesures compatibles avec la santé de la population en général et des otages de l’EN en particulier  : là, je dois avouer que j’ai pêché par optimisme débridé et foi en la rationalité humaine.
      La politique de santé publique actuelle est criminelle et c’est encore plus vrai pour ce qui se passe dans les établissements scolaires.

      Il semblerait que le sport qui est en train de devenir à la mode à l’hosto, c’est intuber des profs.

      Je suis juste furieuse.