odilon

artiste aux mains pleines de doigts - visionscarto.net - Autrice de Bouts de bois (La Découverte)

  • De l’esclavage à la coopération : chronique de la dépendance | Cairn.info
    https://www.cairn.info/revue-ballast-2019-2-page-124.htm
    Très bonne synthèse qu’on peut lire dans Ballast n°8

    Le 23 mars 2019, le village d’Ogossagou, au centre du Mali, était le lieu d’un massacre dans lequel périrent atrocement plus de 160 personnes appartenant à la communauté peule. À cette triste occasion, les grands médias nous ont abreuvés une nouvelle fois d’explications culturalistes et essentialistes, en termes de « guerres ethniques », d’affrontements « tribaux », de conflits « ancestraux » entre Dogons et Peuls… Ce type d’explications, aussi anciennes que la conquête barbare du continent américain et l’esclavage ignoble, permet de masquer les causes profondes d’une situation, qui sont de nature économiques et politiques. Sur le plan économique, l’État malien se caractérise par une dépendance totale vis-à-vis de l’Union européenne, ce qui développe une dualité entre un « Mali utile », dans lequel l’État est encore un minimum présent, et un « Mali inutile », délaissé. Toutes les économies dépendantes (celles de l’époque coloniale comme celles d’aujourd’hui) se caractérisent en effet par la mise en valeur de certaines parties du territoire national (celles nécessaires à l’exploitation des ressources : infrastructures routières, portuaires, adduction d’eau, etc.) et le délaissement d’autres (inutiles pour cette exploitation). Cela se traduit par la disparition de l’État de régions entières, et donc la destruction des bases matérielles permettant la construction d’une nation. Sur le plan politique, la présence des troupes françaises et l’instrumentalisation de la diversité culturelle malienne permet de diviser le pays et de renforcer encore sa dépendance vis-à-vis de l’Europe en général, et de la France en particulier…