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Fil d’actualités Covid19-Migration-santé (veronique.petit@ird.fr) relié à CEPED-MIGRINTER-IC MIGRATIONS.

  • Coronavirus : le spleen des Français de Montréal, coupés de leur famille
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/09/29/coronavirus-le-spleen-des-francais-de-montreal-coupes-de-leur-famille_605397

    Montréal est la première ville « française » hors Union européenne : plus de 62 000 Français sont officiellement enregistrés auprès du consulat, mais on estime que la taille réelle de la communauté dans le Grand Montréal avoisine plutôt les 120 000 à 150 000 personnes. Une vie festive renommée, le Mont-Royal au cœur de la ville pour faire des randonnées l’été et du ski l’hiver, une pénurie de travailleurs locaux qui laisse augurer un marché du travail ouvert, une population accueillante, des universités de haut niveau moins dispendieuses qu’aux Etats-Unis et une langue commune : le Québec exerce une telle force d’attraction que près de 4 000 Français viennent tous les ans tenter l’aventure dans la Belle Province sous le statut de la résidence permanente. Auxquels s’ajoutent les étudiants et les détenteurs de permis de travail temporaire. Dans la métropole québécoise, certains quartiers sont devenus des « petites France » (...)
    Mais depuis le printemps, certains de ces émigrants enthousiastes sont frappés de spleen. La fermeture des frontières, les restrictions de circulation liées à l’irruption du Covid-19 ont radicalement changé l’idée qu’ils se faisaient de leur éloignement volontaire.
    Stéphane, arrivé il y a dix-huit mois, se souvient avec nostalgie de son dernier voyage à Paris, un aller-retour de quelques jours en janvier. « Je suis parti de Montréal un dimanche soir avec un seul bagage à main, j’ai passé la douane en express grâce au système Parafe [passage automatisé des frontières] à l’aéroport, le lundi midi, je déjeunais chez mes parents à Reims. » Un périple plus onéreux, à l’empreinte carbone discutable, mais à peine plus long qu’une traversée de l’agglomération parisienne aux heures de pointe, qui laissait accroire que Montréal n’était qu’une station de banlieue un peu éloignée. En cas de coup dur au sein de la famille restée en France, Montréal demeurait à portée de vol. Les liaisons aériennes entre Montréal et Paris ont été maintenues depuis le début de la pandémie, mais l’obligation posée par le gouvernement canadien d’observer une quatorzaine à peine débarqué à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau a drastiquement réduit les velléités de va-et-vient. Les visites en provenance de l’Hexagone se sont également raréfiées. Irène et Kurt, couple franco-allemand installé au Québec depuis plus de quinze ans, avouent réfléchir pour la première fois à une possible expatriation… dans l’un de leurs pays d’origine. « Nous avons dû renoncer à rentrer cet été, ce sera sans doute la même situation à Noël, le fait que nos enfants ne puissent plus avoir de liens réguliers avec leurs grands-parents nous pèse », expliquent-ils. « On ne s’imagine pas longtemps vivre coupés totalement de nos familles. »
    Thomas, expatrié depuis trois ans à Montréal par son entreprise française, aurait pu « rempiler » deux années supplémentaires. Mais, là encore, la coupure familiale aggravée par la crise sanitaire l’a amené à renoncer. « Je n’ai pas vu ma fille depuis plus d’un an, ma belle-mère âgée vit seule en Bretagne. Je ne sais pas comment la situation peut évoluer, l’éloignement devient trop risqué. » Il rentrera donc au pays à la fin du printemps, sans cacher que la rigueur de l’hiver québécois n’est pas totalement étrangère à sa décision.
    Tous les Français établis à Montréal ne s’apprêtent pas à plier bagage. « Il est trop tôt pour savoir si la crise aura un réel impact sur la présence des Français à Montréal. Mais la pandémie et ses conséquences ont peut-être poussé certaines familles qui y pensaient déjà à accélérer leur retour » Pour les Français arrivés récemment, parfois en insécurité administrative car ne disposant pas encore de papiers canadiens ou en insécurité professionnelle parce que leur entreprise a souffert de la crise, le Covid-19 a servi de catalyseur. « Ceux qui vivaient avec un pied de chaque côté de l’Atlantique se sont retrouvés en situation de déséquilibre, juge Yves Razafindrazaka, gestionnaire de patrimoine en relation avec de nombreux Français de Montréal. Privés de leurs relations sociales à cause du confinement, avec WhatsApp ou Zoom pour seul lien familial et inquiets de l’instabilité aux frontières, pour eux, le mal du pays a été le plus fort. »

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