Il est urgent dâouvrir le revenu minimum aux jeunes
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Ensuite, on craint que le RSA fasse des jeunes des « assistĂ©s ». Avec 500 euros par mois, ils pourraient soi-disant se passer de chercher du travail. Or diffĂ©rentes Ă©tudes ont montrĂ© que la mise en place dâun revenu minimum nâaffecte pas la recherche dâemploi des jeunes [3]. Les travaux de lâĂ©conomiste Esther Duflo sur la pauvretĂ© ont Ă©tabli que cette critique de lâassistanat, envers les plus pauvres en gĂ©nĂ©ral, nâĂ©tait pas fondĂ©e empiriquement. Surtout, elle explique quâil est possible de lier plus Ă©troitement le bĂ©nĂ©fice dâun revenu minimum aux dispositifs dâaccompagnement vers lâemploi ou la formation, comme câest le cas dans les pays nordiques. Il existe en France une « garantie jeunes » qui permet dâaccompagner les jeunes en situation de vulnĂ©rabilitĂ© dans leur insertion professionnelle, mais elle est attribuĂ©e dans des conditions draconiennes.
Pour lutter efficacement contre la pauvretĂ© des jeunes, il est temps de leur accorder le droit Ă un minimum social [4]. Cette option est largement Ă la portĂ©e des finances publiques de notre pays. LâInspection gĂ©nĂ©rale des affaires sociales, reprenant une Ă©tude du ministĂšre des SolidaritĂ©s a, par exemple, estimĂ© le coĂ»t de lâouverture du RSA aux 18-25 ans (non Ă©tudiants) Ă un montant situĂ© entre 1,5 et 3 milliards dâeuros [5]. Ă titre de comparaison, le crĂ©dit dâimpĂŽt pour la compĂ©titivitĂ© et lâemploi (CICE), dont lâeffet est trĂšs rĂ©duit, a coĂ»tĂ© 21 milliards en 2018, et le « plan jeunes » prĂ©sentĂ© le 23 juillet dernier, 6,5 milliards. Câest donc une rĂ©forme dont la mise en Ćuvre ne dĂ©pend en fin de compte que dâune volontĂ© politique suffisante, et dont les effets seraient considĂ©rables en termes de rĂ©duction de la pauvretĂ© [6].