ARNO*

Geek dilettante habitant une belle et grande propriété sur la Côte d’améthyste

  • Sur l’approche à l’économie de bouts de chandelle de la gestion post-confinement, j’ai écrit la semaine dernière qu’elle risque, justement, de nous coûter beaucoup plus cher :
    https://seenthis.net/messages/878272

    Un autre aspect de cette approche entièrement focalisée sur l’idée qu’il faudrait à tout prix éviter d’effrayer les consommateurs, éviter de freiner la « relance », c’est que ça a tout de même un effet paradoxal sur cette « consommation » : toute une partie de la population (pour caricaturer : tout le monde au-delà de 45 ans) n’a pas confiance et réduit énormément sa « consommation ».

    Je n’ai rien trouvé à ce sujet, mais ça mériterait d’être creusé : les bistrots et les restaurants, mais aussi les salles de spectacle et les cinémas, ça fait bien depuis cet été, constatant l’espèce de n’importe quoi ambiant, le refus du gouvernement de promouvoir les règles sérieuses pour ne pas nuire au tourisme, que je n’y vais qu’à contrecœur. Cet été on est restés ici, on est allés à la plage, mais on a évité comme la peste les centres-villes de Palavas, Carnon et la Grande-Motte. Les magasins, les centres commerciaux, c’est pas super-rassurant. Les déjeuners avec des clients, j’évite. L’omniprésence, en tout lieu, du gros porc qui porte le masque sous le pif, c’est niet, je reste pas. Etc.

    J’aimerais bien qu’il y ait des statistiques là-dessus, parce que c’est quelque chose dont tout le monde me parle, mais qui semble ne pas faire partie de l’équation. Dans le milieu culturel, on me dit que les gens ne viennent pas (à Montpellier, l’opéra a mis toutes ses places à 10 euros, signe que ça ne part plus comme des petits pains) ; les restaurants, les rares qu’on a faits, on n’a pas réservé, on s’est juste pointés et il y avait de la place ; une amie qui a invité des clients pour une sortie culturelle chic me dit qu’une partie des gens ont préféré s’excuser, etc.

    On raconte généralement que ce sont les règles contraignantes qui pousseraient les gens à ne pas venir (ou qui feraient chuter la jauge des salles de spectacle), mais là où c’est ouvert, on me dit que c’est plus parce que les gens ne sont pas rassurés que parce qu’ils seraient obligés de porter un masque. L’opéra, si tu n’arrives pas à remplir une place sur deux aux tarifs habituels, j’ai dans l’idée que ce n’est pas parce que tu vas porter un masque, mais bien plus parce que de toute façon tu évites systématiquement les lieux publics confinés.

    Le refus de prendre en compte l’aérosolisation, alors qu’on est tous au courant, c’est le genre de chose qui aggrave la méfiance, d’ailleurs.

    Du coup, le choix de ne pas être allés vers une éradication du virus, et de le laisser circuler tant qu’on ne sature pas les services de réanimation, au motif de ne pas trop freiner l’économie, j’aimerais bien savoir quel « poids » ça a, justement, sur l’économie. À quel point ça a produit une « perte de confiance des consommateurs », surtout des plus de 45 ans, et à quel point ça chiffre déjà.

    Bref : à quel point un choix justifié par des considérations purement économiques produirait (à mon avis) des dégâts économiques. Alors que le choix de combattre plus activement le virus (comme d’autres pays l’on fait, en cherchant l’éradication, et pas le simple « containment »), sans doute plus coûteux à court terme, aurait évité cette perte de confiance.