kaparia

animateur d’un espace de création dans le quartier de Kypseli, Athènes

  • #Covid-19 : un risque de contamination grandement accru avec la promiscuité et la #précarité

    Une étude réalisée par Médecins sans frontières a montré un taux de contamination très élevé parmi un échantillon de personnes très #précaires, pour l’essentiel des #migrants.

    C’est une étude qui vient une nouvelle fois confirmer que les plus précaires sont davantage touchés par l’épidémie de Covid-19. Médecins sans frontières (#MSF) a mené une enquête sur le taux d’exposition au coronavirus SARS-CoV-2 de personnes très précaires, notamment des migrants. Sur les 818 personnes testées par l’ONG dans les différents centres où elle est intervenue en Ile-de-France, plus de la moitié a été infectée.

    L’enquête, décrite comme la toute première en France et en Europe à s’intéresser exclusivement au niveau d’exposition au virus des grands précaires, concerne surtout les étrangers, qui représentent 90 % de l’échantillon.

    Menée entre le 23 juin et le 2 juillet avec Epicentre, le centre d’épidémiologie qu’héberge MSF, l’étude révèle de fortes disparités selon les types de sites sur lesquels les personnes ont été testées. Ainsi, dans les dix centres d’hébergement où elle intervient, le taux de positivité atteint 50,5 %, contre 27, 8 % sur les sites de distribution alimentaire et 88, 7 % dans les deux foyers de travailleurs migrants. MSF s’inquiète d’un taux parmi les plus élevés jamais observés.

    Forte promiscuité
    « Les résultats démontrent une prévalence énorme. La raison principale est la promiscuité et les conditions d’hébergement qui ont généré des clusters », par exemple dans les gymnases, où ces personnes ont été mises à l’abri à l’aube du confinement généralisé, commente pour l’Agence France-Presse Corinne Torre, chef de la mission France chez MSF.

    « En Europe et en France, aucune autre étude ne montre ce type de prévalence. Ces chiffres-là, ces proportions-là, on ne les retrouve qu’en Inde, dans les bidonvilles du Brésil… et encore, on est plutôt à 40 %, 50 % », s’étonne Thomas Roederer, épidémiologiste chez Epicentre.

    De fait, en France, le taux de positivité de la population générale oscille plutôt entre 5 % et 10 %. Selon Santé publique France, elle était à 8 % en fin de semaine dernière, et autour de 12 % sur Paris, là où se trouvent les principaux sites couverts par MSF.

    Des conditions d’accueil inadaptées
    Comment expliquer un tel écart ? Paradoxalement, pour ces personnes, « le lieu de contamination a potentiellement pu être le lieu d’hébergement et de confinement », où règnent promiscuité et densité de population, souligne l’étude. Dans les foyers de travailleurs, par exemple, un tiers des résidents partagent une chambre avec 2 à 5 personnes, et 21 % avec plus de 5 personnes, tandis que dans les centres d’hébergement ou les hôtels, plus de la moitié (59 %) partagent la leur.

    « C’est ce qu’on disait depuis le début, on savait que ces conditions d’accueil ne pouvaient pas fonctionner, que c’était impossible d’y respecter les gestes barrières », regrette Corinne Torre, dénonçant en particulier la situation en gymnases, où MSF a été mandatée au début de la crise pour mener des tests. « Il faut changer de stratégie d’hébergement car cela reflète la situation générale des personnes qu’on suit, ça donne un premier aperçu », en termes d’exposition au Covid, extrapole Mme Torre.

    Rencontre avec le ministère de la #santé
    Le risque d’être infecté au coronavirus, tempère Thomas Roederer, « dépend largement de la gestion » de chaque site. Ainsi, selon le centre d’hébergement où étaient logées les personnes testées, les moyennes de contamination pouvaient varier de 23 % à 62 %, 18 % à 35 % pour les sites de distribution alimentaire.

    C’est principalement sur ces derniers lieux que MSF a croisé des précaires français, sans abri ou simplement des personnes n’ayant pas les moyens d’accéder aux soins « et qui venaient dans nos cliniques mobiles », affirme la responsable de MSF. Quant aux foyers de travailleurs migrants, où la quasi-totalité des personnes testées ont été infectées, « on parle de livreurs Deliveroo, de chauffeurs Uber, etc. », relève Thomas Roederer.

    Le document a été transmis au ministère de la santé, où MSF doit être reçue mercredi. Et l’ONG espère un changement de braquet sur le sujet, explique Corinne Torre, « car on se retrouve aujourd’hui dans la même situation », avec un campement de migrants en banlieue de Paris où s’entassent 1 400 personnes selon MSF, qui y déploie une clinique mobile.

    « On craint que les mises à l’abri ne se fassent encore à l’arrache, avec des gens envoyés massivement en gymnases (…) On craint de repartir dans le même schéma. »

    Le Monde avec AFP

    https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/10/06/covid-19-promiscuite-et-grande-precarite-accroissent-le-risque-de-surcontami