• Covid-19 : Boeing reste confiant dans l’avenir, malgré les difficultés financières des compagnies aériennes
    https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/10/07/covid-19-boeing-reste-confiant-dans-l-avenir-malgre-les-difficultes-financie

    Pour un peu, Boeing n’aurait pas vu passer la crise. A l’occasion de la publication de ses prévisions à dix ans, l’avionneur américain « évalue le marché de l’aviation commerciale et de la défense à 8 500 milliards de dollars [environ 7 222 milliards d’euros] d’ici à 2028. » Une prévision très proche de celle établie en 2019, avant la survenue de la pandémie de Covid-19, qui tablait sur un marché de 8 700 milliards de dollars pour la prochaine décennie.

    « Nous sommes convaincus que les secteurs de l’aviation commerciale et de la défense surmonteront ces défis immédiats, retrouveront leur stabilité et sortiront renforcés de cette épreuve », a déclaré, mardi 6 octobre, Marc Allen, directeur de la stratégie de Boeing.

    Toutefois, la pandémie aura quand même une incidence sur les ventes d’avions. Boeing prévoit que, pour les dix ans à venir, les compagnies n’auront besoin que de 18 350 appareils neufs, évalués à 2 900 milliards de dollars. Une baisse de 11 % par rapport aux prévisions établies en 2019. Les choses devraient rentrer dans l’ordre à plus long terme. D’ici à 2040, l’avionneur de Seattle envisage les besoins des compagnies à plus de 43 000 avions neufs. Il y a un an, il tablait sur 44 000 appareils d’ici à 2038…

    « 300 000 dollars par minute »

    L’optimisme de Boeing semble à l’opposé des difficultés, principalement financières, des compagnies aériennes, les clientes des avionneurs. Selon l’Association du transport aérien international (IATA), le pire pourrait rapidement survenir, à savoir les premières faillites. Car les caisses des compagnies vont rapidement être vides. En moyenne, leurs trésoreries ne leur permettront pas de tenir plus de 8,5 mois. A en croire la CGT, Air France « a de quoi tenir jusqu’au début du troisième trimestre 2021 ». Elles brûlent leur cash à grande vitesse : 77 milliards de dollars rien que pour le second semestre, estime IATA. Chaque mois, elles consomment 13 milliards de dollars, précise Alexandre de Juniac, directeur général de IATA. Soit « 300 000 dollars par minute », ajoute-t-il.

    Et ce n’est pas fini. L’année 2021 s’annonce meurtrière pour nombre de compagnies. Selon IATA, elles auront besoin de 60 milliards à 70 milliards de dollars, car la crise s’installe durablement. Le petit rebond observé au début de l’été a vécu. Dès la mi-août, l’activité a replongé. « Les réservations ne sont pas au niveau. La saison d’hiver, qui court d’octobre à mars 2021, ne sera pas bonne », a estimé, mercredi 7 octobre, le cabinet de conseil Archery Strategy Consulting. Selon lui, « aux Etats-Unis, certaines compagnies sont en train de mourir, faute d’argent ».

    Coupes dans les effectifs

    Pourtant, les autorités mettent la main à la poche, avec une nouvelle enveloppe globale de 25 milliards de dollars d’aides. Sept compagnies vont recevoir, chacune, un prêt de 7,5 milliards de dollars. Une manne qui pourrait pourtant être insuffisante pour éviter les licenciements massifs dans le transport aérien outre-Atlantique. Tant en Amérique du Nord qu’en Europe, les avions sont vides et le trafic passagers en repli de près de 70 % par rapport à 2019.

    Pour tenter de s’en sortir, les compagnies taillent dans leurs effectifs. American Airlines a annoncé la mise en chômage technique de 19 000 salariés. United Airlines veut se séparer de près de 13 500 de ses personnels. Delta Airlines a poussé vers la sortie près de 40 000 salariés à coups de plans de départs volontaires, de retraite anticipée ou de congés sans solde. Enfin, Southwest Airlines, qui compte désormais 27 % d’employés en moins, demande aux personnels d’accepter des baisses de salaires pour éviter de nouveaux plans de départs.

    Faute de passagers en nombre, les compagnies se reportent sur le fret, avec une grosse demande pour le transport du matériel médical, comme les masques ou les médicaments. Les avions-cargos des compagnies sont aussi utilisés pour répondre à l’essor du commerce en ligne depuis le début de la pandémie. Au départ de Roissy, Emirates devrait, par exemple, en 2020, faire mieux que « les 44 000 tonnes transportées sur une année normale », indique Cédric Renard, directeur général d’Emirates France, qui a ouvert « 122 destinations cargo » à partir de Roissy. Airbus propose, pour sa part, aux compagnies d’adapter, temporairement, leurs avions vides au transport de marchandises.

    #transport_aérien #logistique