RastaPopoulos

Développeur non-durable.

  • Le Vol du Boli : un opéra magique et choc à Paris
    https://pan-african-music.com/le-vol-du-boli

    Presqu’aucune représentations… je risque pas de pouvoir le voir un jour :(

    Au Théâtre du Châtelet, le musicien Damon Albarn et le cinéaste Abderrahmane Sissako réunissent un casting de rêve dans un spectacle historico-poétique qui entrechoque musique, danse et création visuelle pour évoquer le pillage de l’Afrique. Dernière ce soir, en attendant la fin du Covid.

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    Pour ce projet très ambitieux, il a invité le réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako, multicésarisé pour le film Timbuktu. En 2018, les deux hommes ont choisi de se rencontrer dans une ville qu’ils connaissent bien : Bamako. « J’ai tout de suite senti quelqu’un de profondément humble, heureux d’être là, à la disponibilité humaine et artistique exceptionnelle », raconte le cinéaste, qui assure l’écriture et la mise en scène du spectacle avec Dorcy Rugamba et Charles Castella. C’est Sissako qui propose à Albarn de prendre comme point de départ du spectacle Le Vol du Boli, un fétiche sacré utilisé dans le culte initiatique du Komo au Mali et au Burkina Faso, et qui est aujourd’hui exposé au Musée du Quai Branly. Le Boli est un objet doté de pouvoirs, à la nature composite et mystérieuse, qui mêle sang, terre et pâte de mil.

    Ce fétiche tout-puissant en forme d’animal bossu pouvait garantir la paix sociale, apporter la prospérité ou punir. Dans l’Afrique Fantôme, l’écrivain et ethnologue Michel Leiris confie avoir volé le précieux totem. Dans ce livre, qui mélange récit ethnographique et personnel, Leiris se met à nu, et confie en filigrane qu’en étudiant d’autres sociétés humaines que la sienne, on ne peut pas oublier qui l’on est, sa propre culture, ses doutes et ses névroses. Cette lucidité contrite est oubliée par les auteurs du spectacle, qui se concentrent sur le boli comme symbole d’une société déstabilisée par ce vol, ce qu’Aminata Traoré appellera « le viol de l’imaginaire ».

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    Avec son air de gamin ravi, Albarn pilote encore un aréopage de musiciens talentueux, qui sont maliens, burkinabés, congolais, anglais, tous si brillant qu’il faut les citer. Le lumineux Lansiné Kouyaté au balafon, le griot Baba Sissako, Mike Smith (multi-instruments), Remi Kabaka (percussions), Cubain Kabeya (percussions), Mamadou Diabaté (kora), Guillaume Bernard (trombone/euphonium/saqueboute), Melissa Hié (doom doom/ calabash), Ophélia Hié (balafon pentatonic), Papy Kalula Mbongo (djembé), Mél Malonga (percussions/doom doom) et Xavier Terrasa (reed player) entrent en culture clash avec un chœur « de musique ancienne » qui représente la « voix » coloniale unie à ce groove afrofuturiste.

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    Et au-dessus des accords et des beats complexes de ce nouveau chapitre artistique afro-européen, plane la sublime chanteuse et actrice Fatoumata Diawara qui déploie ses talents griotiques avec une telle grâce qu’elle en devient presque mystique. À la fois Reine Mère, maîtresse de cérémonie, esclave ou patronne de maquis à Kinshasa. Sa présence traverse les frontières et les époques avec une élégance qui fait presque oublier les horreurs de l’histoire coloniale que cette pièce retrace depuis ses origines jusqu’à la mondialisation et la crise sanitaire actuelle. La qualité de l’orchestration porte donc haut les ambitions esthétiques, historiques, symboliques… et politiques de ce spectacle, dont les répétitions se sont déroulées entre le Mali, Paris, Montreuil et Londres au fil des deux dernières années.

    #musique #opéra #Afrique #Europe #afrofuturisme #Damon_Albarn #Abderrahmane_Sissako #Fatoumata_Diawara #Mali