Articles repérés par Hervé Le Crosnier

Je prend ici des notes sur mes lectures. Les citations proviennent des articles cités.

  • Vers l’éclatement de la bulle de la publicité en ligne ? | LinkedIn
    https://www.linkedin.com/pulse/vers-l%25C3%25A9clatement-de-la-bulle-publicit%25C3%25A9-en-ligne-dominiqu

    Oui, Dominique Boullier a raison, nous ne sommes pas dans un marché biface traditionnel, mais dans un marché à trois têtes :
    – l’usager ou l’usagère
    – le client de la plateforme (celui qui paye, donc l’annonceur)
    – le marché symbolique qui se traduit par la variation du cours de l’action (et qui joue autant pour la plateforme que pour les annonceurs).

    Dans cet article de Wired (https://www.wired.com/story/ad-tech-could-be-the-next-internet-bubble), que m’a fait passer Guilhem Fouetillou, l’auteur montre bien comment aucun chiffre de taux de conversion ou de retour sur investissement ne permet de justifier le montant actuel des investissements publicitaires en ligne. Toutes les marques attendent de voir qui osera arrêter de payer les plates-formes pour des placements publicitaires opaques (on ne sait pas où elles sont placées), à des tarifs opaques (des enchères sophistiquées), pour des résultats indémontrables en termes de comportement client (voir les travaux de Jean Samuel Beuscart sur le sujet). Les marques (et les petites encore plus que les grandes) continuent à faire la fortune de Google, Facebook et Amazon pour se rassurer, au cas où ça marcherait selon les principes (au choix) du « ça ne peut pas faire de mal » ou « si on ne le faisait pas, on ne sait pas ce qui pourrait se passer » ou encore « si les autres le font, c’est qu’il y a une bonne raison ». Bref, de l’imitation pure et simple, du comportement moutonnier habillé de justifications savantes pour ne pas paraitre trop bête. Mais ce qui se passe est une arnaque pure et simple de la part des plates-formes, comme le font les traders vis-à-vis des investisseurs, qui là aussi, sous prétexte de « digital » et de « machine learning », font avaler toutes les couleuvres qu’ils veulent à leurs clients en prenant une marge d’intermédiaire invraisemblable.

    Que s’est -il passé ? Il se trouve que tout un chapitre de mon récent livre (« Comment sortir de l’emprise des réseaux sociaux ») l’explique, en montrant comment la publicité est devenue affaire de réputation vis-à-vis des investisseurs tout autant que vis-à-vis des clients ordinaires. Les indicateurs de l’activité en ligne sont toujours aussi peu pertinents et n’ont pas pris la force d’une convention (à la différence des mesures d’audience des mass médias) mais ils servent à envoyer des signaux aux marchés (financiers) sur l’attractivité de la marque. Tout ça pour ça. Car la publicité de maintenant est une publicité à haute fréquence comme le trading et elle est désormais à visée financière plus que marchande.

    Et comme mon éditeur, Le Passeur, est d’une grande bonté, il m’a autorisé à reproduire le chapitre de mon livre qui en parle. Une exclusivité pour mon réseau Linkedin ;-)) (mais tout le reste du livre mérite la lecture, je vous le garantis !)

    #Publicité #Marché_biface #Plateformes #Economie_numérique