CEPED_MIGRINTER_ICMigrations_santé

Fil d’actualités Covid19-Migration-santé (veronique.petit@ird.fr) relié à CEPED-MIGRINTER-IC MIGRATIONS.

  • Pandémie de Covid-19 : « Dans le tourbillon de remises en cause déclenché par le coronavirus, la question des frontières vient sur le tapis »
    https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/10/17/pandemie-de-covid-19-dans-le-tourbillon-de-remises-en-cause-declenche-par-le

    L’OMS le répétait encore au début de cette année : se barricader ne fait qu’entraver l’approvisionnement en matériel médical et en médicaments. Rhétorique ironique, voire cynique de la part d’une organisation dominée par la Chine, pays dont le dynamisme économique repose sur la mondialisation, si l’on considère la pénurie de masques de fabrication chinoise dont l’Europe a souffert ensuite. Une semaine avant l’avis de l’OMS condamnant « toute restriction aux voyages », Pékin avait pourtant fermé totalement l’aéroport de Wuhan, épicentre de l’épidémie. Une étude sur l’impact des restrictions au trafic aérien aux frontières chinoises sur la diffusion du virus montre que cette décision a eu pour conséquence de stopper net la diffusion massive de malades de cette région, mais que ces flux ont perduré au départ des autres métropoles chinoises vers tous les continents.La politique de maintien des frontières ouvertes n’a en réalité jamais été basée sur un constat scientifique, « c’est une décision politique présentée comme un conseil sanitaire », assène le New York Times au terme d’une longue enquête. La priorité donnée au maintien des échanges économiques et humains, renforcée après la catastrophe de Surat, avait acquis le statut d’un « acte de foi » au moment où a émergé le Covid-19. De fait, les études sur les conséquences de la gestion des frontières sur les pandémies reposent sur des modèles mathématiques théoriques et les chaînes de contamination internationales réelles sont loin d’être intégralement connues. « Il faudrait une fermeture à 100 % pour qu’elle soit efficace, ce qui est impossible. On sait qu’au moment où l’on ferme les frontières, des personnes infectées les ont déjà franchies », explique Pierre-Yves Boëlle, professeur d’épidémiologie à Sorbonne-Université.
    Ultra-dominante avant le Covid-19, la religion des frontières ouvertes en temps de pandémie a laissé la place à des discours plus nuancés. L’étude sur les frontières chinoises conclut qu’une « réduction de 90 % du trafic aérien » combinée à l’adoption des gestes barrières permet « une réduction considérable de la transmissibilité de la maladie ». La plupart des Etats ont d’ailleurs fini par combiner fermeture ou contrôle des frontières, quarantaines et surveillance des personnes infectées.
    Pas question de stopper net une pandémie en se claquemurant. Mais la freiner très tôt en limitant les voyages semble possible. Fermer les frontières « aurait seulement pu permettre de gagner trois ou quatre semaines sur la pandémie. Ce temps aurait pu être mis à profit pour instaurer des quarantaines strictes, remarque encore Pierre-Yves Boëlle. A l’avenir, on aura tendance à fermer d’abord les frontières et à essayer de déterminer au plus vite la dangerosité du virus ».Lourd et donc incertain, l’enjeu consiste désormais à mettre au point un mécanisme international préservant « le droit de quitter tout pays » protégé par la Déclaration universelle des droits de l’homme, tout en permettant de restreindre les transports aériens dès que surgit une suspicion sérieuse de pandémie. Les hommes, les continents restent interdépendants. Mais le Covid-19, outre ses multiples ravages, a fait deux victimes inattendues : la suprématie du droit de voyager à tout prix sur le droit à la santé, et le dogme du libre-échange comme alpha et oméga du salut du monde.

    #Covid-19#migrant#migration#sante#frontiere#libreechange#crisesanitaire#virus#politiquemigratoire