la voie du jaguar

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  • La Grande Transformation (VIII)

    Georges Lapierre

    https://lavoiedujaguar.net/La-Grande-Transformation-VIII

    Aperçus critiques sur le livre de Karl Polanyi
    La Grande Transformation
    (à suivre)

    La pénétration du marché dans la société soulève, nous dit Karl Polanyi, deux questions importantes : celle concernant la place de l’homme et celle de la terre. « Il fallait faire entrer l’homme et la nature dans l’orbite du marché. » Ce qui signifie que le travailleur (et son travail) ainsi que la terre doivent obéir à la loi de l’offre et de la demande sur laquelle repose le marché. Une telle conception de l’homme et de la terre ne peut avoir que des conséquences catastrophiques : « La fiction marchandise ne tenait aucun compte du fait qu’abandonner le destin du sol et des hommes équivaudrait à les anéantir » (p. 194). Je suis bien d’accord avec ce point de vue qui peut nous paraître prémonitoire alors qu’il n’était, hélas, qu’un constat, un constat qui préfigure un devenir. Seulement l’expérience mexicaine m’amène à penser que « l’homme et la nature » ou que « le destin du sol et des hommes » ne sont pas deux destins séparés et emportés par le même mouvement, mais bien un seul et même destin. C’est une erreur de séparer l’homme et la nature (ou culture et nature).

    L’idée que nous nous faisons de l’homme et de son environnement, du territoire et de la terre, est une seule et même idée et nous ne pouvons pas séparer l’idée que nous nous faisons de l’homme de celle de la terre. Concevoir l’homme comme individu consiste, dans le même mouvement, à privatiser la terre. Ces deux visions de la réalité sont dépendantes l’une de l’autre pour ne former qu’une seule cosmovision qui consiste à percevoir la réalité comme « nature » c’est-à-dire comme réalité non spirituelle, comme une réalité vidée de sa spiritualité. (...)

    #Karl_Polanyi #nature #société #marché #Mexique