Articles repérés par Hervé Le Crosnier

Je prend ici des notes sur mes lectures. Les citations proviennent des articles cités.

  • Réseaux sociaux : La viralité, enjeu majeur (et délaissé) de la lutte contre la haine en ligne
    https://www.20minutes.fr/high-tech/2901107-20201106-reseaux-sociaux-viralite-enjeu-majeur-delaisse-lutte-cont

    Un modèle économique mis en cause

    Si la modération des contenus est devenue au fil des ans un pan entier de l’activité de Facebook, Twitter et consorts, les mécanismes de viralité ont longtemps échappé à toute forme de régulation. « C’est compliqué d’agir sur ces fonctionnalités parce qu’elles font partie de l’ingénierie interne des réseaux sociaux, expose Olivier Ertzscheid, chercheur en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Nantes et auteur de Le monde selon Zuckerberg.. Et si les plateformes ne les modifient pas, c’est parce qu’elles ont un intérêt à les conserver. C’est un fait, les contenus haineux ou polémiques suscitent plus d’interactions entre les internautes, donc plus de temps passé sur la plateforme, et génèrent plus de revenus publicitaires. Cela produit de manière inflationniste des interactions, et c’est ce qui nourrit l’économie de ces plateformes. »

    Un enjeu économique dont ont parfaitement conscience les pouvoirs publics. « Le mode de fonctionnement des réseaux sociaux repose sur la viralité et sur l’économie de l’attention. Structurellement, ces plateformes vont générer leurs activités sur des contenus agressifs », pointe la députée LREM Laetitia Avia, à l’origine d’une proposition de loi sur la haine en ligne, censurée en grande partie en juin dernier par le Conseil Constitutionnel. « Et il y a un travail de fond à faire pour changer cela. Notre volonté, c’est d’aller vers une évolution de ce "business model". »

    Mais la capacité d’un Etat à faire changer seul le modèle économique de plateformes qui regroupent des milliards d’utilisateurs à travers le monde semble limitée. En ce sens, l’initiative européenne portée par Thierry Breton pourrait changer le rapport de force, estime-t-on dans l’entourage du secrétaire d’Etat au numérique, Cédric O : « Si on veut être efficace, il faut une nouvelle législation européenne. Certains réseaux sociaux ont une empreinte massive sur nos démocraties à travers ces mécanismes de viralité. La France est très engagée et pousse pour adopter un texte ambitieux visant à réguler et responsabiliser ces acteurs et c’est un souhait qui semble partagé par les commissaires européens compétents. »
    Une prise de conscience récente

    Ebranlés par des polémiques et des mouvements épisodiques de protestation de leurs utilisateurs, les plateformes ont petit à petit entamé leur mue. Sur WhatsApp, propriété de Facebook, plusieurs mesures ont été prises pour réduire la propagation des messages. Depuis janvier 2019, le nombre de partage simultané d’un contenu est limité à cinq conversations seulement. Selon Facebook, cette mesure a conduit à une baisse de 25 % du nombre de transferts de messages. Depuis le 20 octobre, dans le cadre de l’élection présidentielle américaine, Twitter de son côté incite systématiquement ses utilisateurs à commenter les messages et contenus qu’ils souhaitent partager avant de le faire.

    Des mesures qui vont dans le bon sens, selon Olivier Ertzscheid : « Tout ce qui peut permettre de ralentir le caractère instinctif de l’activité de partage, de remettre du temps éditorial dans le contenu que l’on publie – que ce soit des messages d’alerte, une limitation du nombre de retweets, de "likes" – peut contribuer à lutter contre la polarisation et la radicalisation des discours en ligne ».

    #Médias_sociaux #Modération #Régulation #Olivier_Ertzscheid