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Fil d’actualités Covid19-Migration-santé (veronique.petit@ird.fr) relié à CEPED-MIGRINTER-IC MIGRATIONS.

  • « La route est vitale pour nous » : au Niger, le secteur des transports au bord du gouffre
    https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/11/11/la-route-est-vitale-pour-nous-au-niger-le-secteur-des-transports-au-bord-du-

    La gare routière de Niamey est déserte. Ni chauffeurs, ni vendeurs de brochettes ou de cigarettes, ni passagers, ni contrôleurs. Derrière les grilles de la compagnie de transport Halassi, les quelques employés présents regardent les mouches voler. « Depuis le confinement de mars, c’est comme ça. Il y a très peu d’activité, pas ou peu de salaire. C’est très dur », souffle Issouf Beidari, le chef de garage, en inspectant l’intérieur d’un des bus, poussiéreux et désespérément vide. Dans cette compagnie, 80 des 100 salariés sont au chômage et quasiment sans revenu depuis plus de huit mois. Depuis le premier cas de Covid-19, mi-mars, les frontières terrestres du Niger sont fermées. Seuls les camions de marchandises peuvent de nouveau circuler pour continuer d’alimenter les habitants de ce pays enclavé d’Afrique de l’Ouest.
    Spécialisée dans le transport de voyageurs entre Etats de la sous-région, Halassi est au bord du gouffre. Assis les bras ballants dans son bureau, Abdoul Aziz Yabilan, le directeur général adjoint, ne sait plus quoi faire pour maintenir son entreprise à flot. Contraint de limiter les trajets de sa dizaine de bus à l’intérieur du Niger, il a vu ses activités chuter de plus de 75 %. « Ce n’est même plus rentable. Nous vivons une crise que nous n’aurions jamais pu imaginer », soupire-t-il. Les yeux humides et les traits tirés du patron trahissent son angoisse face à l’avenir. En septembre, cinq de ses salariés ont démissionné. Abdoul Aziz Yabilan arrive à peine à soutenir financièrement un ou deux employés chaque mois – ceux qui en ont le plus besoin.
    Le chef de garage vient de sortir de six jours d’une hospitalisation qui a eu raison des maigres économies de la famille. « J’ai dépensé 150 000 francs CFA… Maintenant, j’emprunte de l’argent pour vivre », déplore-t-il. Comme Halassi, les 18 autres compagnies de bus du Niger ont été fortement affectées par la pandémie. Au début de la crise, taxis, minibus et transporteurs de marchandises ont également souffert. Pour contenir le Covid-19, les autorités nigériennes ont frappé vite et fort : fermeture des frontières terrestres et aériennes, couvre-feu à la nuit tombée, interdiction du transport interurbain à l’intérieur du pays… Entre mars et mai, les dizaines de milliers de Nigériens travaillant dans le secteur du transport routier ont quasiment été mis à l’arrêt. Les conséquences économiques sont dramatiques. Dans une note élaborée fin mai, le ministère des transports a fait les comptes : les mesures de confinement mises en place entre mars et mai ont fait perdre plus de 21 milliards de francs CFA (plus de 32 millions d’euros) au secteur du transport routier.
    « Nous avons demandé que l’Etat prenne en charge la moitié des salaires. On ne nous a pas écoutés. Si rien n’est fait pour aider le secteur du transport des personnes et que les frontières demeurent fermées, des compagnies vont couler et le chômage va beaucoup augmenter », alerte Mahamadou Gamatié, secrétaire général de l’Union des travailleurs des transports et assimilés du Niger (Uttan). Le syndicaliste n’est pas seulement inquiet pour son secteur, mais pour toute l’économie informelle qui dépend du transport de voyageurs. « Les petits détaillants qui profitent des bus pour faire venir leurs marchandises de l’extérieur sont foutus. Tous les petits vendeurs qui dépendent de l’économie des gares routières sont aussi affectés. Cela concerne des milliers de personnes. Il faut qu’on nous aide », implore M. Gamatié.

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