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Fil d’actualités Covid19-Migration-santé (veronique.petit@ird.fr) relié à CEPED-MIGRINTER-IC MIGRATIONS.

  • En Suède, éviter à tout prix la « catastrophe » migratoire de 2015
    https://www.lemonde.fr/international/article/2020/11/23/en-suede-eviter-a-tout-prix-la-catastrophe-migratoire-de-2015_6060794_3210.h

    Les associations s’inquiètent du sort de ceux dont la situation n’a toujours pas été régularisée. Sur les 163 000 personnes arrivées en 2015, 95 000 ont obtenu un titre de séjour. Zahra Hosseiny, son mari et leurs deux jeunes enfants ont été déboutés et auraient dû être renvoyés en Afghanistan. Ils ont fait appel : « Si nous avions su que cela prendrait aussi longtemps, nous ne serions jamais venus en Suède, souffle la jeune femme. Mais maintenant nos enfants parlent suédois et nos amis sont ici. » Sharif Omari, lui, pensait avoir décroché une seconde chance, grâce à la « gymnasielagen », la « loi lycée » adoptée sous la pression des Verts en 2018. Elle devait permettre aux jeunes, arrivés comme mineurs isolés, de rester en Suède, à condition qu’ils suivent une formation. Ayant fait les frais des lenteurs bureaucratiques, beaucoup avaient atteint la majorité avant que leur dossier soit traité, réduisant drastiquement leurs chances de décrocher l’asile.
    Environ 7 000 lycéens ont ainsi obtenu un sursis. « Mais le dispositif est tellement compliqué que certains n’ont pas suivi la bonne formation et vont se retrouver sans aucun droit à la fin de leur parcours », se lamente Helena Wihlborg, directrice du projet Baba auprès de l’association caritative Stadsmission. Pour les autres, la pandémie de Covid-19 se dresse comme un nouvel obstacle vers l’asile. Car la loi exige de décrocher un contrat de travail de deux ans au minimum, dans les six mois suivant l’obtention du diplôme. « C’était déjà très compliqué avant la crise, remarque Helena Wihlborg. C’est désormais presque impossible. »
    Sharif Omari a terminé sa formation de soudeur en juin : « A cause de la pandémie, je n’ai pas pu faire mon stage. De toute façon, les patrons n’embauchent pas. » Il est désespéré : « Depuis que je suis arrivé en Suède, j’ai fait tout ce qu’on m’a demandé. J’ai appris la langue, je suis allé à l’école, j’ai même travaillé et payé des impôts. J’ai l’impression d’être coincé, comme en prison. C’est inhumain. »
    Originaire d’Afghanistan, Rahim Ali, 21 ans, a jeté l’éponge en décembre 2019. Après quatre ans passés à Halmstad, dans le sud du pays, il est parti pour Paris. Placé en procédure Dublin, il a fait appel : « J’ai expliqué que je serais expulsé en Afghanistan si on me renvoyait en Suède. » Rahim a été autorisé à déposer une demande d’asile en France. Comme lui, ils seraient 3 000 à avoir quitté la Suède pour tenter leur chance en France, selon Sara Brachet. Cette Suédoise, installée à Paris, a fondé l’association Les Amis des migrants suédophones en France. « Au printemps, ils ont eu du mal à voyager avec les restrictions liées au Covid, mais depuis la fin de l’été ils arrivent par dizaines », dit-elle. Preuve des incohérences du système européen : Sara Brachet assure que beaucoup d’entre eux obtiennent l’asile en France.En Suède, les ONG réclament une régularisation, sans y croire. Ancien vice-secrétaire général de l’ONU, Jan Eliasson les soutient. « A moins de trouver une solution, cette plaie béante va laisser de profondes marques dans la société », affirme-t-il. Début octobre, une quinzaine de personnalités, dont l’ancien archevêque, ont porté plainte contre la Suède auprès du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, pour dénoncer le sort de ces jeunes. Au printemps, les réfugiés ont commencé à partager leurs récits sur les réseaux sociaux, sous le hashtag « Jag är 2015 » (« je suis 2015 »). Le mouvement est né après que le parti conservateur a publié une photo de son leader, Ulf Kristersson, en tenue de chasse, sous laquelle était écrit : « La crise des réfugiés de 2015 ne doit plus jamais se reproduire. » A l’origine de la mobilisation, l’artiste iranienne Atoosa Farahmand a rassemblé 1 500 témoignages, qu’elle déposera bientôt au Parlement, à Stockholm

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