marielle 🐢

« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • « « Islamogauchisme », « laïcité » islamophobe, « valeurs républicaines » à la Adolphe Thiers, violences policières : comment en est-on arrivé à rendre crédibles et hégémoniques les idées de l’extrême-droite pour la première fois depuis Vichy. (Un indice ) : »
    L’emprise de Valeurs Actuelles
    https://racismes.hypotheses.org/222
    https://www.valeursactuelles.com/sites/default/files/styles/image_article/public/2019-10/Capture%20d%E2%80%99e%CC%81cran%202019-10-30%20a%CC%80%2010.55.43.

    Réflexion sur les mécanismes de l’hégémonie de l’extrême-droite, en se focalisant sur le rôle joué par l’hebdomadaire Valeurs Actuelles (VA) et sa forte intégration dans l’espace médiatique. Loin d’être une publication confidentielle recrutant des journalistes et chroniqueurs eux aussi confidentiels, la « surface médiatique » de VA révèle un phénomène méconnu de circulation des personnes et des idées. Ce phénomène favorise un certain entre-soi journalistique et l’universalisation du cadrage idéologique d’extrême-droite.

    Invité du Grand Jury RTL-Le Monde en 1997, un futur ex-cadre du Front national (FN), Bruno Mégret, assure que, « dans la profondeur de notre pays, nos idées sont en train de devenir majoritaires ». Se félicitant de la « lepénisation des esprits », il affirme : « Nous sommes en train de gagner la bataille des idées, et, lorsqu’on gagne la bataille des idées, inexorablement, tôt ou tard, on gagne la bataille électorale et la bataille politique »1. 23 années plus tard, Jean Messiha, autre cadre du parti d’extrême-droite, déclare lors de son départ du Rassemblement national (RN) : « Nous faisions tous le même constat : nous avons largement gagné la bataille des idées, mais nous n’arrivons pas à susciter un grand élan populaire qui se traduit par des victoires très franches dans les urnes, à l’exception peut-être des européennes.2 »

    Le caractère pompeux de ce genre de déclarations ne doit pas faire oublier que, selon les données sondagières de la Commission nationale consultative sur les droits de l’homme, l’« indice de tolérance » vis-à-vis des minorités ethniques tend au contraire à augmenter de génération en génération. Mais l’augmentation de la « tolérance » n’empêche pas l’avancée des idées d’extrême-droite dans l’espace public et, ceci allant probablement avec cela, la montée en puissance électorale de l’extrême-droite plurielle (RN, Dupont-Aignan, Philippe de Villiers, etc.). Force est de reconnaître que, de fait, l’extrême-droite peut se targuer d’être passée du stade « on est en train de gagner » des années 1990 au stade « on a gagné » la bataille des idées des années 2010.

    Pour s’en convaincre, il suffit de comparer le programme du FN lors des élections de 1986, date de leur première entrée à l’Assemblée nationale, et la politique menée par la droite « décomplexée » et la droite « complexée » (Parti socialiste) depuis une trentaine d’années, en particulier en matière de politiques migratoire, de la nationalité et sécuritaire, même si se maintiennent, bien évidemment, de fortes divergences idéologiques entre ces partis politiques, notamment en matière de politique sociale et de politique européenne. On observe ainsi une grande convergence idéologique entre certains principaux partis politiques dominants et l’extrême-droite, devenue la deuxième force politique du pays. On se souvient qu’en 1984, le premier ministre socialiste Laurent Fabius estime que Jean-Marie Le Pen « pose de bonnes questions ». Dernier exemple en date : le discours d’Emmanuel Macron sur le « séparatisme » (2 octobre 2020) et le projet de loi en cours d’élaboration sont salués par Marine Le Pen puisque ceux-ci « vont dans le bon sens »...