François Isabel

Ni dieu, ni maître, nirvana

  • L’incendie de la rue Myrha
    https://www.franceculture.fr/emissions/les-pieds-sur-terre/lincendie-de-la-rue-myrha-0

    En septembre 2015, à Paris, dans le XVIIIe arrondissement, dans le quartier de la Goutte-d’Or, un immeuble a brûlé. Qui a incendié ce bâtiment de la rue Myrha ? Rapidement, un suspect, Mourad, sans domicile avec un briquet et une bougie, est arrêté. Il est connu comme un marginal du quartier et le motif d’inculpation semble un peu faible et, en effet, l’enquête ne fait que commencer.

    Les voisins, les habitants et témoins racontent l’horreur de cette scène de panique, la vision de voisins décédés et l’empreinte psychologique laissée par ce drame.

    Un autre personnage, Thibaud, est très présent devant les caméras et les micros. On apprend que les incendies ont débuté dans sa boîte aux lettres et sur son palier. Peut-être que quelqu’un l’avait pris pour cible. A la commémoration que, par ailleurs, il organise lui-même un an après le drame, Thibaud est un des principaux soutien aux familles.

    Début septembre 2016, quand Thibaud, celui que tout le monde a consolé, avec qui tout le monde a discuté, qui avait été le plus actif à rendre visible cette affaire est finalement désigné comme le coupable, tout le monde se sent dupé.

    Cette révélation scandaleuse fait la lumière sur une autre réalité ahurissante : Mourad a passé plus d’un an derrière les barreaux, innocent, alors qu’aucune preuve ne démontrait sa culpabilité .

    Thibaud m’a dégoûté, je ne fais plus confiance à personne. C’était un acte raciste, il voulait juste détruire les africains de l’immeuble.

    Mourad a juste été remis à la rue après avoir été détenu injustement pendant un an, c’est n’importe quoi.

    Le procès de l’incendiaire Thibaud Garagnon a débuté ce lundi 30 novembre à Paris. Il durera jusqu’au 11 décembre.

    • Thibaud Garagnon a été condamné, jeudi 10 décembre, à vingt ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de Paris pour avoir volontairement incendié, en septembre 2015, l’immeuble du 4 de la rue Myrha ; l’incendie avait fait huit morts. Le jeune homme de 24 ans a accueilli le verdict stoïquement. Il a été condamné en outre à un suivi socio-judiciaire de douze ans à sa sortie de prison et, en cas de manquement, à une peine de prison de sept ans. L’avocat général avait requis vingt-cinq ans de réclusion criminelle assortis d’une peine de sûreté des deux tiers.

      Pour son avocat, Laurent Thieffry, « la cour a certainement pris en compte la personnalité particulière de M. Garagnon, son jeune âge au moment des faits et la nécessité de sa réinsertion ».

      Du côté des parties civiles, les réactions oscillaient entre le soulagement et la colère. « J’ai un sentiment d’apaisement », a affirmé la mère de l’une des personnes mortes dans l’incendie. « J’ai un peu l’impression de pouvoir mieux respirer. Les angoisses vont sûrement s’en aller, j’espère », a poursuivi la femme dont le fils s’était défenestré. « Peu importe la peine [à laquelle a été condamné l’accusé], moi, ma peur était qu’il recommence », a-t-elle ajouté.
      « Il s’est amusé devant nous »

      « On n’est pas du tout satisfait », a affirmé pour sa part Alassane Tandian, un des rescapés de l’incendie. Tout au long du procès, M. Garagnon n’a respecté « ni la cour ni les parties civiles ». « Il s’est amusé devant nous », a déploré M. Tandian. Invariablement vêtu de tee-shirts à l’effigie de la série My Little Pony, l’accusé n’a pas eu de mots de compassion pour les victimes, se présentant lui-même comme « une victime ».

      Le 2 septembre 2015, vers 4 h 20 du matin, M. Garagnon, locataire d’un studio au 2e étage de l’immeuble situé 4, rue Myrha, s’était levé avec, selon ses propres mots, « la pulsion de vouloir détruire quelque chose ». Il avait mis le feu à une des poussettes entreposées au rez-de-chaussée près de la cage d’escalier avant de remonter se coucher. Le feu avait rapidement ravagé l’immeuble, provoquant la mort de huit personnes, dont deux enfants.

      https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/12/10/incendie-rue-myrha-a-paris-l-accuse-condamne-a-vingt-ans-de-reclusion-crimin