• Cinq dossiers d’ultradroite ( sic ) suivis par le Parquet national antiterroriste, Samuel Laurent et Parquet national antiterroriste
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/12/26/cinq-dossiers-d-ultradroite-suivis-par-le-parquet-national-antiterroriste_60

    Depuis 2017, les services spécialisés ont eu affaire à plusieurs reprises à des projets terroristes aux motivations islamophobes, antisémites ou identitaires, le plus souvent issus de groupes actifs en ligne.

    Les projets d’attentats venus des franges extrêmes de la droite sont plus rares que ceux de la mouvance djihadiste, mais ils existent bel et bien et vont croissant depuis 2017. Le Parquet national antiterroriste (PNAT), créé en 2019, est actuellement saisi de cinq dossiers de ce type. Le plus avancé est celui de Logan Alexandre Nisin, jeune nationaliste fondateur d’un groupe baptisé Organisation armée secrète (en référence à l’OAS, bras armé de l’opposition à l’indépendance de l’Algérie au début des années 1960), arrêté en juin 2017 à Vitrolles (Bouches-du-Rhône). Le jeune homme d’alors 21 ans projetait des assassinats de responsables politiques ou des attaques de mosquées et administrait une page Facebook à la gloire d’Anders Breivik, terroriste norvégien ayant assassiné 77 personnes en 2011 à Oslo et sur l’île d’Utoya. M. Nisin est toujours incarcéré à Marseille dans l’attente d’un procès qui devrait se tenir d’ici quelques mois. Neuf autres personnes sont mises en examen dans ce dossier.

    Internet et les réseaux sociaux sont bien souvent le moyen par lequel ces militants se radicalisent, jusqu’à projeter des actions violentes. A l’instar de l’organisation Action des forces opérationnelles (AFO), démantelée en juin 2018. Derrière des pseudonymes inspirés de personnages de l’histoire et de la littérature française, comme « Ferragus », « Fermat » ou « Ninon de Lenclos », et regroupés sur un site Web, une poignée de personnes originaires de toute la France, âgées de 32 à 69 ans, voulaient « lutter contre le péril islamique » au moyen d’actions terroristes.

    Les membres, parmi lesquels d’ex-policiers, envisageaient, en réplique aux attentats islamistes commis en France, d’assassiner des imams radicaux ou encore d’empoisonner les produits des rayons halal des supermarchés. Seize personnes ont été mises en examen dans ce dossier : treize lors d’un premier coup de filet en 2018, qui avait permis de découvrir des armes et des éléments permettant de fabriquer des explosifs, trois autres depuis. Parmi les dernières mises en examen, on compte un diplomate, numéro deux de l’ambassade de France au Salvador, arrêté en juin 2019.

    Groupuscules et « loups solitaires »

    Le groupe des Barjols, démantelé en 2018 alors qu’il envisageait d’assassiner Emmanuel Macron, obéit à une logique similaire. Ce qui n’est au départ qu’un groupe privé Facebook, fondé en avril 2017 durant la présidentielle, devient, au fil des mois, le foyer d’une radicalisation. Parmi les 2 400 membres, nationalistes et islamophobes, mais en pratique plus préoccupés par le prix de l’essence et le coût de la vie que par l’idéologie nazie, une poignée va envisager de lancer des opérations armées contre les musulmans ou les institutions. Ils planifient ainsi de tuer le chef de l’Etat en marge des cérémonies du 11- Novembre, lorsqu’une opération de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) met fin à leur projet. Neuf personnes sont mises en examen dans ce dossier, dont trois sont en détention provisoire.

    Deux autres affaires sont actuellement suivies par le PNAT. L’Oiseau noir, un groupe d’ultradroite qui échangeait sur un forum, a été démantelé entre septembre 2018 et juin 2019 à Grenoble. Composé notamment d’un ex-gendarme adjoint, mais aussi d’un mineur, ce groupuscule planifiait des attentats contre des lieux de culte musulmans et juifs. Il avait réuni des armes et des explosifs. Cinq personnes sont mises en examen dans ce dossier.

    Outres ces groupuscules, il existe des « loups solitaires » envisageant des passages à l’acte individuels. Ce fut le cas de Claude Sinké, cet octogénaire bayonnais, ex-candidat Front national aux départementales de 2015, qui a tenté en octobre 2019 de mettre le feu à la mosquée de Bayonne et tiré sur deux fidèles musulmans, les blessant grièvement. Il est mort en détention en février.

    Plus récemment, en mai, un ancien militaire et « gilet jaune » de 36 ans, Aurélien C., a été arrêté à Limoges. Outre des propos de plus en plus véhéments sur les réseaux sociaux, il projetait des attaques contre des lieux de culte juifs. Des explosifs ont été découverts à son domicile. Il a été mis en examen pour « entreprise individuelle terroriste ».

    #extreme_droite