• La gentrification du statut des femmes
    https://tradfem.wordpress.com/2017/12/20/la-gentrification-du-statut-des-femmes
    "IdentitéDeGenre

    « Qu’est-ce qu’une femme ? » est une question posée par les gens assez privilégiés pour ne jamais avoir eu à subir la réponse à cette question. Personne ne demande aux femmes comment on « ressent » la condition féminine, car, pour nous, être « des femmes » est simplement notre réalité. La plupart des femmes du monde entier apprennent très tôt que, sous le patriarcat, leurs opinions à propos de leur subordination n’intéressent personne. En tant que force structurelle, le patriarcat continue à diminuer et à violenter les femmes et les filles, que cela nous plaise ou non, que nous soyons d’accord ou non, sans le moindre égard pour les sentiments réels des femmes.

    La violence masculine contre les femmes assure notre soumission. Le féminicide est l’extrémité meurtrière de ce continuum, mais la violence contre les femmes et les filles se manifeste d’une myriade de façons. Dans les cercles féministes, nous parlons souvent de la violence masculine infligée aux femmes. De fait, mettre fin à cette violence est l’élément le plus urgent du programme pour la libération des femmes. Mais comment pouvons-nous éradiquer la violence masculine anti-femmes si nous ignorons l’importance centrale des corps féminins sous le régime de la suprématie masculine ? Comment pouvons-nous dépasser une société patriarcale si nous refusons de reconnaître que les femmes constituent une classe d’êtres humains, dont la condition est déterminée par leur sexe ?

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    Rongrong et Peguero Polanco ne sont que deux exemples récents, mais les façons dont les femmes sont tuées parce qu’elles sont des femmes sous un système patriarcal sont infinies. Cependant, la théorie queer actuelle et ses adeptes écartent cette réalité brutale pour dépeindre la condition féminine comme abstraite. Réduire la « condition féminine » à des sentiments, des vêtements et des identités personnelles constitue une gifle pour la plupart des femmes et des filles, dont l’oppression leur est imposée, peu importe leur façon de s’habiller ou de s’identifier.

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    Déterminer que vous vous « ressentez comme femme » parce que vous aimez porter des talons hauts, du maquillage et des robes est profondément misogyne, car ce ne sont là que les appâts de la féminité — une projection des fantasmes masculins au sujet des femmes —, et pourtant cette fiction semble gagner du terrain dans les lois.

    L’écrivaine suédoise Kajsa Ekis Ekman affirme que cette récupération de la féminité est une forme de gentrification, à l’instar de la manière dont la classe supérieure s’entiche d’une esthétique de la classe ouvrière et dont bien des auteurs masculins fétichisent les femmes qui sont dans l’industrie du sexe, en espérant avoir l’air « branchés ». Ainsi, la féminité est désirée et cooptée par ceux qui bénéficient du patriarcat (les hommes), alors que les réalités inconfortables et violentes de la condition féminine restent reléguées à la classe inférieure, qui n’a pas d’autre issue.

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