François Isabel

Ni dieu, ni maître, nirvana

  • Son nom n’est pas cité dans le titre, il s’agit de Françoise Combes, titulaire de la chaire « galaxies et cosmologie » et médaille d’or 2020 du CNRS

    "Je suis absolument certaine qu’il existe une autre forme de vie ailleurs"
    https://www.parismatch.com/Actu/Sciences/Je-suis-absolument-certaine-qu-il-existe-une-autre-forme-de-vie-ailleurs

    Quels sont les mystères qui entourent encore la formation des galaxies ?
    Le plus important est bien sur la question de la matière noire. On essaie de faire des simulations, avec des candidats de matière, différents. On a travaillé pendant 30 ans sur le fameux « WIMP », une particule qui faisait 100 fois la masse du proton et qu’on aurait dû voir dans les accélérateurs de particule comme le CERN. On aurait « dû » en fabriquer en collisionnant des protons. Mais cette particule n’est pas apparue et on en a fait le deuil. On travaille maintenant sur un potentiel « axion ». Nous avons fait des simulations de galaxies pour savoir si c’est un candidat à l’explication de cette matière sombre. Si cela se révèle faux, il faudra peut-être changer la loi de la gravité. Ce que beaucoup de gens font depuis des dizaines d’années.

    Il est un autre mystère : on aimerait savoir pourquoi, au milieu de l’âge de l’univers, beaucoup de galaxies ne forment plus d’étoiles. Elles s’arrêtent, passent « en retraite » et ne forment plus d’étoiles. Brutalement. Et on ne sait pas pourquoi.

    La vitesse de rotation de notre galaxie est 600 km/seconde et, un peu comme la force centrifuge d’un manège, elle devrait finir par éjecter les étoiles en bordure. Ce n’est pas le cas, et c’est le mystère de la matière noire qui « tient » ensemble ces étoiles. Que reste-t-il comme pistes pour en percer le secret ? On parle beaucoup de la théorie Mond. De quoi s’agit-il ?
    La théorie Mond, sur le principe, c’est changer la gravité. Mais pas là où on la connaît bien sûr. Dans tout le système solaire, elle est très bien vérifiée. Grâce à Newton, puis Einstein qui l’a élargie. Mais on a besoin de modifier la gravité en champs très faibles. Ça veut dire quoi ? Sur notre planète, on a la pesanteur terrestre. Je parle là, d’une gravité 10 puissance 10 fois, moindre. Il faut aller au bout de la galaxie pour détecter cette gravité très faible. Jusqu’aux rayons du soleil, on n’a pas besoin de matière noire pour expliquer notre gravité. Partout où le champ est faible, on essaie d’augmenter un peu la force de gravité que l’on connait, celle d’Einstein et de Newton. C’est ça le principe de la théorie Mond. Et ça explique la courbe de rotation des galaxies. Le problème, c’est que ça ne marche pas partout. Pas au début de l’Univers. Ni dans les gros amas de galaxies. C’est donc une théorie, pour le moment, heuristique. On n’a pas encore la solution. Certains travaillent aussi du côté de la théorie de gravité à boucles. On cherche…

    Les ondes gravitationnelles peuvent-elles apporter des éléments d’information utiles dans cette recherche où ça n’a rien à voir ?
    Oui, un petit peu. On a aujourd’hui une très grande précision sur la vitesse de ces ondes. C’est exactement la vitesse de la lumière. Or, certaines théories d’une gravité modifiée, postulaient que la vitesse des ondes gravitationnelles n’étaient pas égales à la vitesse de la lumière. De fait, toutes ces travaux ont été recalés. Elles ont été utiles dans ce sens.