En Marche dit aux Ă©tudiants : sois jeune et endette toi !
Depuis plusieurs semaines, la jeunesse se mobilise pour alerter sur des conditions de vie rendues encore plus difficile par le confinement. Le 20 janvier plusieurs milliers dâĂ©tudiants descendaient dans les rues partout en France avec un slogan : #GĂ©nĂ©ration_sacrifiĂ©e. Ce mardi 26 janvier les Ă©tudiants ont a nouveau battu le pavĂ© rejoignant en nombre les cortĂšges des enseignants.
Les raisons de leur colĂšre ? Une prĂ©caritĂ© accrue par une crise sanitaire dont ils dĂ©noncent la gestion calamiteuse. Depuis mars, nombre dâentre eux sont en effet confinĂ©s dans des chambres exiguĂ«s, parfois insalubre, avec leur Ă©cran dâordinateur comme seul lien social. Cette situation a pris un tournant dramatique depuis quelques semaines, alors que les suicides dâĂ©tudiants isolĂ©s se multiplient.
Parmi leurs revendications : le RSA pour les moins de 25 ans, et la garantie de pouvoir vivre dignement. Face Ă cette mobilisation, le gouvernement, qui depuis bientĂŽt un an prĂ©fĂšre lâignorance Ă lâaction, sâest vu contraint de lĂącher du lest et a avancĂ© quelques mesures. Câest par la voix de son dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral Stanislas GuĂ©rini, que le mouvement prĂ©sidentiel a fait ce mardi 26 janvier une proposition pour le moins Ă©tonnante : 10 000 euros, prĂȘtĂ©s gĂ©nĂ©reusement Ă taux zĂ©ro, avec un remboursement possible sur 30 ans.
Face Ă la dĂ©tresse Ă©tudiante, GuĂ©rini propose aux jeunes de sâendetter !
Fausse bonne idĂ©e de la part dâun mouvement qui ne peut accepter quâun Ă©tudiant doive avant tout Ă©tudier, et non pas travailler ou se soucier dâun futur prĂȘt Ă rembourser. Il sâagit dâune rĂ©ponse de banquier, digne de la #logique_nĂ©olibĂ©rale dĂ©fendue par Emmanuel Macron et son gouvernement. Elle nâest pas adaptĂ©e Ă la rĂ©alitĂ© de la vie Ă©tudiante.
Quoi de mieux que de commencer sa vie avec une Ă©pĂ©e de DamoclĂšs de 10 000 euros au-dessus de la tĂȘte ? Avec ce fardeau, il semble difficile quâun Ă©tudiant puisse choisir librement son orientation professionnelle. Cette rĂ©alitĂ© mettrait dâautant plus en danger les Ă©tudiants issus des classes populaires qui ne peuvent se reposer sur leur famille afin de les aider en cas de difficultĂ©s financiĂšres.
Les recherches Ă ce sujet montrent quâĂ©tudier est une activitĂ© qui doit sâexercer Ă temps plein pour garantir la rĂ©ussite des Ă©tudiants. Ceux qui cumulent job Ă©tudiant et cours ne le font pas par choix : pour 51% dâentre eux, ce travail est indispensable pour vivre, et 73% dâentre eux affirment quâils le font pour amĂ©liorer leur niveau de vie. On estime quâun Ă©tudiant qui cumule travail et Ă©tudes sacrifie en moyenne 13 heures de travail universitaire par semaine (heures de cours ou travail personnel) par rapport Ă un Ă©tudiant qui ne travaillerait pas. Si lâon ajoute Ă cela le fait que 800 000 Ă©tudiants sont arrivĂ©s sur le marchĂ© du travail cet annĂ©e, avec peu de perspective dâembauche, le plan du gouvernement 1 jeune une solution, semble se transformer rapidement en 1 Ă©tudiant un endettement.
La #dette_Ă©tudiante prĂ©sente Ă©galement un autre problĂšme, et non des moindres : ces prĂȘts Ă©tudiants, sâils ne pouvaient ĂȘtre remboursĂ©s, prĂ©pareraient un nouveau krach financier. Cette proposition est dâautant plus inquiĂ©tante dans le contexte de la crise Ă©conomique qui sâannonce. La dette Ă©tudiante est dĂ©jĂ une bombe Ă retardement aux Etats-Unis. Il serait dangereux dâentraĂźner la France dans cette logique. Le gouvernement prĂ©tend que toute personne dont les revenus seraient en dessous de 1 800 euros par mois nâaurait pas Ă sâembarrasser de rembourser ce prĂȘt. Sous quelles conditions ? Suffirait-il Ă un moment dans sa vie de gagner plus que cette somme pour devoir rembourser ? Un prĂȘt Ă rembourser pĂšse de toute maniĂšre dĂ©jĂ lourdement sur un revenu de 1 800 euros par mois.
Le poids de la dette privée ne doit pas peser sur la nouvelle génération
Les Ă©tudiants ne sont pas dupe face Ă un gouvernement qui, par la voix de son parti, cherche Ă se montrer attentif Ă leur situation, quand « en mĂȘme temps », ses ministres font le tour des plateaux tĂ©lĂ© pour dĂ©clarer que les jeunes ne rĂȘvent pas de revenus pour les aider Ă Ă©tudier mais dâun travail, comme lâa dĂ©clarĂ© Bruno Le Maire. Stanislas GuĂ©rini dĂ©clare quâ « Il est insupportable de voir des jeunes abandonner un projet dâavenir ou leurs Ă©tudes, de les voir baisser les bras. » Nâest-il pourtant pas le dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral du parti au pouvoir ? La jeunesse ne souhaite pas de fausses considĂ©rations, mais des actions rĂ©elles, et mises en Ćuvre en urgence, car de toute Ă©vidence la situation presse.
Il est donc urgent de proposer aux Ă©tudiants une solution afin dâassurer leur avenir sans sâendetter : câest le but notamment de la garantie dignitĂ© proposĂ©e par la France Insoumise : complĂ©ter les revenus des jeunes, afin quâaucun dâentre eux ne vive en dessous du seuil de pauvretĂ© (1063 euros par mois). En attendant, les organisations de jeunesse et syndicats demandent Ă Emmanuel Macron lâouverture du RSA au moins de 25 ans, filet de sĂ©curitĂ© indispensable afin quâaucun jeune ne tombe dans la prĂ©caritĂ©.
Le livret jeunesse de La France insoumise.
â»https://linsoumission.fr/2021/01/28/en-marche-dit-aux-etudiants-sois-jeune-et-endette-toi