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Fil d’actualités Covid19-Migration-santé (veronique.petit@ird.fr) relié à CEPED-MIGRINTER-IC MIGRATIONS.

  • Covid-19 : en Grande-Bretagne, des minorités ethniques réticentes au vaccin
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/02/02/covid-19-des-minorites-ethniques-britanniques-reticentes-au-vaccin_6068484_3

    Matt Hancock, le ministre de la santé britannique, a salué lundi 1er février une étape importante dans l’ambitieux plan de déploiement vaccinal du pays : « Le vaccin anticoronavirus a désormais été proposé à toutes les maisons de retraite anglaises. » (...)Cette campagne menée tambour battant ne va pas sans difficultés, à commencer par la réticence aux vaccins des Britanniques d’origine « BAME » (Black, Asian and minority ethnic). Début janvier, la « UK Household Annual Study » (une étude sur le comportement des Britanniques) soulignait que 72 % des personnes noires interrogées (avant le début de la campagne vaccinale, le 8 décembre 2020) étaient hésitantes, tout comme 42,3 % des Britanniques d’origine pakistanaise ou bangladaise. Un document du SAGE (le comité scientifique conseillant le gouvernement) soulignait aussi en janvier, à la lumière des précédentes campagnes vaccinales nationales, que « les taux d’adoption des vaccins chez les BAME étaient de 10 % à 20 % moindres que chez les Blancs ».
    Cette réticence est d’autant plus dommageable que la pandémie a fait des ravages parmi ces populations, davantage susceptibles d’occuper des emplois « en première ligne ». En novembre, la revue The Lancet a ainsi établi, à la suite de la première vague pandémique, que les personnes noires avaient deux fois plus de risque d’être infectées par le virus (et les Asiatiques 1,5 fois plus) que les Britanniques blancs.
    Les employés – souvent précaires et mal payés – des maisons de retraite sont largement issus des milieux BAME, ce qui expliquerait le fait que nombre d’entre eux ont refusé de recevoir une dose de Pfizer-BioNTech ou d’Oxford-AstraZeneca (les deux vaccins en cours de déploiement). « Certains personnels refusent le vaccin pour des raisons culturelles », a confirmé lundi à la BBC Nadra Ahmed, présidente de la National Care Association, l’un des plus grands syndicats de maisons de retraite. Ces réticences sont alimentées en ligne par des rumeurs récurrentes, mais parfaitement inexactes, sur la présence de porc dans le vaccin Oxford-AstraZeneca ou l’effet supposé du Pfizer-BioNTech sur l’ADN humain. « C’est dû à une combinaison de facteurs, dont le manque de messages [pédagogiques] en différentes langues ou en différents formats, souligne le docteur Sarah Ali, endocrinologue et membre de la South Asian Health Foundation, une association de promotion de la santé dans les communautés asiatiques. Les gens s’interrogent aussi sur la rapidité avec laquelle les vaccins ont été déployés. Il faut leur expliquer que leur sûreté n’a absolument pas été sacrifiée, mais que les procédures administratives ont été raccourcies », ajoute la jeune femme, qui vient de poster sur les réseaux sociaux une vidéo rassurant sa communauté, en ourdou. Le Runnymede Trust, l’une des principales associations de lutte contre les discriminations raciales au Royaume-Uni, établit même un lien direct entre ces réticences et un « contexte de racisme institutionnel et de politiques hostiles ces quinze dernières années qui ont érodé la confiance des minorités ethniques dans les institutions du pays », faisant référence au scandale Windrush. Au début des années 2010, le ministère de l’intérieur avait dénié à des milliers de citoyens d’origine caribéenne leur nationalité britannique. Dans une lettre ouverte, le 25 janvier, le Trust réclamait une action « urgente » du gouvernement. Le ministre en charge de la vaccination, Nadhim Zahawi (un Britannique d’origine kurde irakienne), s’est emparé du problème mi-janvier. Le gouvernement Johnson vient de débloquer 23 millions de livres sterling pour aider les collectivités à financer des campagnes d’information ciblées. Les initiatives se multiplient : les acteurs Romesh Ranganathan et Meera Syal ou le joueur de cricket Moeen Ali (des stars de la communauté asiatique) ont enregistré une vidéo, fin janvier, déjà visionnée près de 500 000 fois. Des imams ont transformé des mosquées en centres de vaccination (à Leeds ou à Birmingham) et encouragent sur YouTube leurs « frères et sœurs à prendre le vaccin et à sauver des vies » à l’instar de Mohammed Mahmoud, l’imam de la Grande Mosquée de l’est de Londres. « La plupart des gens ne sont pas antivax, ils manquent de certitudes », insiste le docteur Sarah Ali, plutôt optimiste

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