Alice Debauche : « Pour plus de 80% des victimes d’inceste, il n’y a pas eu besoin de contrainte »
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Grand entretien – En France, entre 2,5 et 4% des femmes et un peu moins d’1% des hommes ont été victimes de viols ou d’agressions sexuelles incestueux. C’est l’un des résultats d’une enquête [Virage] sur les violences sexuelles intrafamiliales, publiée en janvier 2021 et codirigée par Alice Debauche, ingénieure en statistiques économiques et maîtresse de conférence en sociologie à l’Université de Strasbourg.
[...] C’est quelque chose de frappant, l’autorité et la différence d’âge peuvent suffire à imposer ces violences sexuelles aux victimes (voir tableau ci-dessous). Quand on a 8 ou 9 ans, voire moins, quand papa rentre dans la chambre et fait des trucs qu’on est pas forcément en capacité de comprendre, on n’a pas les moyens de dire non. En général, il y a une énorme gêne mais les enfants n’ont pas les références extérieures pour dire non dans un climat d’autorité. C’est aussi compliqué d’en parler pour les victimes parce qu’elles savent très bien que c’est risqué, que ça risque de faire du mal à papa, ça va compliquer les choses au sein de la famille. [...]
Il faut que les professeurs aient une formation minimale sur ces questions, pour être capable de se dire que c’est possible, ça concerne des enfants et il y a des chances qu’ils en ont dans leurs élèves. L’enquête Virage indique qu’entre 2,5 et 4% des femmes et un peu moins d’1% pour les hommes ont été victimes de viols ou d’agressions sexuelles incestueux.
Pour les professionnels de la petite enfance, les médecins, les formations manquent sur ces questions-là. On pourrait imaginer un module de quatre heures, sur les questions de violence sexuelle et incestueuse au sens large. Les participants auraient des informations sur les signes, les troubles de comportement, les problèmes de santé et de santé mentale.