Inceste : « Des victimes sont en colère parce que ça va moins vite quand on ne s’appelle pas Camille Kouchner »
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Car au cabinet de Marie Grimaud, la majorité des dossiers d’inceste concernent des enfants jeunes, souvent âgés de 3 à 7 ans, qui ont dénoncé des faits, presque immédiatement, sans se murer dans le silence. « Entre trois et sept ans, c’est un âge où les enfants parlent facilement » explique Me Grimaud. « La majorité des dossiers que nous avons, ce sont des enfants qui, à cet âge-là, ont été capables de dire : ’papa me fait ça, grand-père me fait ça, tonton me fait ça’ ». Et dans beaucoup de ces dossiers concernant des bambins encore aux prises avec leur agresseur présumé, les enquêtes stagnent, selon Me Grimaud. Elle regrette que toutes les auditions qu’elle estime urgentes n’aient pas toujours eu lieu dans les brigades des mineurs, souvent submergées. Les enquêtes ne sont pas toutes jugées prioritaires. Et il y a tant de dossiers qu’il est parfois difficile de savoir lequel prioriser, reconnaissent en aparté plusieurs enquêteurs spécialistes. Alors, dans son cabinet, Marie Grimaud sent souffler en ce moment ce vent de colère. « On est submergés par la colère de nos clients qui disent, mais enfin, moi je m’appelle pas Camille Kouchner ou Coline Berry et parce que je n’ai pas ce nom-là, on ne réagit pas quand je dépose une plainte, on me dit que les services sont débordés et en même temps, ces femmes-là vont avoir dans les trois jours une audition ! »
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Marie Grimaud alerte sur le risque de créer « une rupture entre victimes » au coeur de cette déferlante #MeTooInceste et post-Familia Grande, pourtant porteuse de tant d’espoirs.