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« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

    • Huit mois d’attente et une demande satisfaite mais partiellement seulement. Le 13 janvier dernier, Olivier Marleix, dĂ©putĂ© LR d’Eure-et-Loir, a enfin reçu les rĂ©sultats des Ă©lections municipales par nuances politiques qu’il rĂ©clamait depuis le scrutin du 15 mars 2020. Surpris par l’absence de ces donnĂ©es sur le site du ministĂšre de l’IntĂ©rieur, l’élu s’était alors tournĂ© en vain vers le premier ministre, Édouard Philippe, pour lui demander de rĂ©parer les choses au motif que la comptabilisation nationale de ces rĂ©sultats Ă©tait « habituellement » affichĂ©e publiquement Place Beauvau lors des soirĂ©es Ă©lectorales. DĂ©jĂ , mĂȘme si la pandĂ©mie commençait Ă  bousculer la vie politique, Olivier Marleix voyait cette absence comme une « manoeuvre » trahissant une « volontĂ© dĂ©libĂ©rĂ©e de dissimuler aux Français l’ampleur de la claque prise par La RĂ©publique en marche » .

      Finalement, la prĂ©cieuse piĂšce jointe contenant ces chiffres nuancĂ©s s’est affichĂ©e le 13 janvier dans un e-mail adressĂ© au dĂ©putĂ© depuis le ministĂšre de l’IntĂ©rieur, suivi d’une lettre de GĂ©rald Darmanin. Dans ce courrier, le ministre note la dĂ©marche de Marleix auprĂšs de la Cada (Commission d’accĂšs aux documents administratifs), prĂ©cise que les informations demandĂ©es « ont bien Ă©tĂ© publiĂ©es » dans les communes de plus de 3 500 habitants mais reconnaĂźt la justesse de l’observation : « Il est vrai que ces donnĂ©es n’ont pas Ă©tĂ© publiĂ©es de maniĂšre agrĂ©gĂ©e sur le site du ministĂšre. » Les informations fournies au parlementaire n’étaient toujours pas visibles vendredi sur le site du ministĂšre.

      Dans sa lettre, au-delĂ  du fichier de rĂ©sultats remis, Darmanin renvoie l’élu vers la « plateforme ouverte des donnĂ©es publiques françaises data.gouv.fr » mais sa rĂ©ponse est une pirouette car mĂȘme les curieux les plus habiles en informatique auront du mal Ă  en extraire un tableau synthĂ©tique, comme celui de 2014 prĂ©sentant clairement les scores « France entiĂšre » pour les 17 nuances ayant participĂ© au scrutin. « En voyant ces chiffres, oĂč LREM atteint seulement 2,22 % sous ses propres couleurs, on comprend bien pourquoi le pouvoir n’est pas pressĂ© de les diffuser. En rĂ©alitĂ©, cela rĂ©vĂšle l’échec d’un ancrage politique qui ne parvient pas Ă  bousculer le paysage local. Autant, il y a une marque Macron, autant ces municipales montrent la grande difficultĂ© pour son parti Ă  exister » , juge Olivier Marleix.

      Risques politiques d’un report

      En dĂ©cembre 2019, le dĂ©putĂ© avait bataillĂ© ferme contre la « circulaire Castaner » diffusĂ©e aux prĂ©fets trois mois avant les municipales. Dans ce document, le prĂ©dĂ©cesseur de GĂ©rald Darmanin avait demandĂ© de rĂ©server l’attribution des nuances politiques aux communes de plus de 9 000 habitants. L’initiative avait suscitĂ© un vent de colĂšre Ă  droite comme Ă  gauche. À la suite des recours engagĂ©s contre cette circulaire par LR, DLF, le PS et le PC, le Conseil d’État a suspendu la dĂ©cision de Castaner aprĂšs avoir jugĂ© qu’elle portait atteinte Ă  « l’objectif d’information de citoyens » . Olivier Marleix s’était rĂ©joui de cette suspension, estimant pour sa part que la « tentative » des macronistes avait rĂ©vĂ©lĂ© « la peur panique du pouvoir face au camouflet annoncĂ© » des municipales.

      Le document transmis par le ministĂšre peut ĂȘtre analysĂ© en isolant cinq blocs : gauche (des communistes aux Ă©cologistes, 36,66 %), centre (LREM, MoDem et alliĂ©s, 15,98 %), droite (UDI, LR, Debout La France, 33,71 %), extrĂȘme droite (3,33 %) et listes sans Ă©tiquette et « gilets jaunes » rassemblĂ©es sous « divers/autres » (10,32 %). « La gauche profite du sursaut Ă©cologiste, la droite affiche une certaine stabilitĂ© et les Marcheurs ne permettent pas au bloc centre de faire une rĂ©elle percĂ©e... D’oĂč le fait, sans doute, qu’ils ne sont pas impatients de participer aux prochaines Ă©lections territoriales » , anticipe encore l’élu, convaincu que le gouvernement s’est battu pour maintenir la clause de revoyure en avril dans le but de se laisser la possibilitĂ© de reporter les rĂ©gionales et les dĂ©partementales au-delĂ  du mois de juin. Cette clause a Ă©tĂ© envisagĂ©e en cas de rebond Ă©pidĂ©mique mais, rĂ©cemment, devant les sĂ©nateurs, Jean-Louis DebrĂ©, auteur d’un rapport commandĂ© par le gouvernement sur l’organisation des prochains scrutins, a mis en garde face aux risques politiques d’un tel report.

      En attendant, Olivier Marleix somme le gouvernement de se plier aux « bases rĂ©glementaires » en mettant Ă  la portĂ©e de tous les Français les rĂ©sultats des municipales. Cette photographie du paysage politique lui semble « fort utile pour la dĂ©mocratie » .