• Covid-19 : ce que cache la courbe générale des hospitalisations et réanimations - Coronavirus - Le Télégramme
    https://www.letelegramme.fr/coronavirus/covid-19-ce-que-cache-la-courbe-generale-des-hospitalisations-et-reanim

    La tension sur les services de réanimation en Île-de-France inquiète. Pourtant, sur la vue d’ensemble, la situation ne semble pas s’emballer. Pour mieux comprendre, il faut désormais se pencher sur les différences selon les tranches d’âge de la population.

    Environ 25 000 lits occupés. C’est, à de faibles variations près, le niveau de présence des patients atteints de la covid-19 à l’hôpital en France depuis la fin du mois de février. Avant le pic d’hospitalisations enregistré ce mois-là, quelques semaines après les vacances de fin d’année, c’était aussi le niveau d’occupation observé depuis la mi-décembre. Depuis, en somme, que le confinement strict s’est transformé en couvre-feu.

    Cette stabilité laisse-t-elle penser que tout est sous contrôle ? En réalité, la situation générale à l’hôpital, comme sur d’autres indicateurs, est de plus en plus insuffisante pour comprendre précisément comment la situation évolue.

    Effet vaccin chez les plus âgés
    Un élément majeur est entré en jeu depuis janvier : la vaccination. D’abord réservée aux établissements pour personnes âgées, elle a été élargie à tous les plus de 75 ans dès le 18 janvier. Les premiers effets de protection apparaissent 12 à 14 jours après la première injection, même si une seconde est nécessaire pour assurer une protection complète.

    Avec un tiers des personnes de plus de 75 ans ayant reçu au moins une dose, les effets de cette couverture vaccinale sont scrutés. Et semblent visibles. On comptait un peu moins de 18 000 patients covid-19 de plus de 70 ans dans les hôpitaux le 19 février, contre 16 600 un mois plus tard. Le nombre global est pourtant resté stable. À l’inverse, les non-septuagénaires étaient 7 000 il y a un mois, lors du pic, contre 7 500 aujourd’hui.

    Il est encore tôt pour estimer précisément la contribution de la vaccination à la baisse de ces cas graves comme de l’incidence chez les plus âgés. Toutefois, le responsable de la campagne vaccinale, le Pr Alain Fischer, le souligne auprès du Figaro : « Le fait de voir une tendance à l’augmentation chez les gens de moins de 75 ans, alors que pour les plus de 80 ans, ça baisse, c’est significatif. Dans ce contexte, on voit mal comment ce pourrait être autre chose qu’un effet de la vaccination ».

    Davantage de cas graves chez les plus jeunes
    Le constat semble aussi net du côté des réanimations. Dans ces lits réservés aux cas les plus graves, on trouve très peu de personnes très âgées, qui ne peuvent supporter la lourdeur de la prise en charge. Le changement s’observe donc surtout chez les septuagénaires. Leur nombre dépassait constamment celui des sexagénaires depuis novembre. Or, depuis début mars, la tendance s’est inversée.

    Pourtant, la courbe globale des réas repart à la hausse. Cette augmentation se joue dans les classes d’âge plus jeunes. Le poids des 40-60 ans dans les cas graves est passé de 10 % à 13 %. Cette hausse régulière s’observe dans de nombreux territoires en France, et notamment en Île-de-France, actuellement sous tension. En Bretagne, la part des patients âgés de 40 à 60 ans en réanimation est passée de 18 % à 27 % en deux semaines.

    Possible effet du variant « britannique »
    Outre la vaccination qui protège les plus âgés, une autre raison avancée repose sur la présence accrue des variants. Le principal actuellement, celui dit « britannique », est plus contagieux et pourrait engendrer des cas plus graves. On le soupçonne d’ailleurs de contaminer plus fortement les plus jeunes.

    On assisterait alors à un phénomène similaire à celui de l’été 2020 : le virus circule d’abord chez les plus jeunes, qui se sentent moins menacés par la covid-19. « Il y a une accélération qui se fait depuis une dizaine de jours sur des patients qui sont plus jeunes », soulignait, le 22 février, Michel Carles, chef du service infectiologie du CHU de Nice. Jusqu’à il y a quelques jours, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur affichait le taux d’occupation le plus important en réanimation.