Tradfem

La collective TRADFEM est née en 2013 autour de plusieurs projets de traductions, en particulier le texte d’Andrea Dworkin « Je veux une trêve de 24 heures durant laquelle il n’y aura pas de viol ». Ce texte a été travaillé par un petit groupe de gens qui ont alors souhaité prolonger cette collaboration. Celle-ci s’est ensuite étendue avec l’arrivée de nouvelles personnes. Aujourd’hui (2016), la collective rassemble une dizaine de membres, qui ne sont pas nécessairement des professionnel.le.s de la traduction et qui s’y investissent selon leurs possibilités respectives. TRADFEM est mixte avec des personnes vivant en France, au Québec, en Espagne et en Allemagne.

  • #John_Stoltenberg : Le pourquoi de l’oppression
    https://tradfem.wordpress.com/2021/03/21/le-pourquoi-de-loppression

    Voici un récit à propos du pire récit jamais raconté.

    C’est celui que l’on vous raconte s’il a été décidé à votre naissance que vous deviez grandir pour devenir un vrai garçon et, un jour, un vrai homme. Cette décision a été prise à la va vite, après une simple inspection visuelle de votre entre-jambes de nouveau-né. Et personne ne vous a demandé votre avis puisque vous veniez tout juste de naître. Pourtant, cette décision allait déterminer une grande partie de votre vie, peut-être même sa plus grande partie.

    Vous connaissez tous ce récit : d’abord être un vrai garçon pour ensuite devenir un vrai homme.

    Si vous faites partie de ceux à qui on a raconté ce récit, non seulement on vous l’a raconté, mais on vous a appris à le raconter aux autres pour que vous puissiez vous le raconter à vous-même. Si vous avez bien appris le récit, vous devrez le raconter aux autres et à vous-même, incessamment, pour le reste de votre vie. Et ce récit n’est pas seulement le vôtre. Il est raconté presque partout, presque tout le temps, tout autour de vous.

    J’appelle ce récit le Code Alpha.

    Le Code Alpha ressemble au système d’exploitation d’un ordinateur personnel, comme un code de programmation qui traite l’information et prend des décisions selon une certaine logique. L’ordinateur est un objet bien réel, mais c’est le système d’exploitation qui lui dit comment penser. Il en est de même pour vous : vous existez dans un corps humain bien réel, mais une partie de votre fonctionnement obéit à la logique du Code Alpha :

    D’abord être un vrai garçon, et ensuite un vrai homme.

    John Stoltenberg, militant de longue date contre la violence sexuelle et philosophe féministe radical du genre, est l’auteur de Refuser d’Être un Homme : Essais sur le Sexe et la Justice , un examen radical de l’identité sexuelle masculine, et Peut-on être homme sans faire le mâle ? , un guide pratique de la vie d’un homme de conscience. John est également l’auteur de nombreux articles et essais parus dans des anthologies, dont « How Power Makes Men : The Grammar of Gender Identity », dans Men and Power, « Having Sex Outside the Box » dans Male Lust, « Healing From Manhood : A Radical Meditation on the Movement from Gender Identity to Moral Identity » dans Feminism and Men, et « Top Ten Ways the Campus Movement Against Sexual Violence Is Misunderstood » dans Just Sex : Students Rewrite the Rules on Sex, Violence, Equality & Activism. Il a conçu et dirigé la campagne médiatique acclamée de prévention du viol « My Strength Is Not for Hurting ». Parmi ses nombreux essais en ligne, citons « Why Talking About ‘Healthy Masculinity’ Is Like Talking About ‘Healthy Cancer’ », « Sexual Harassment and #MenToo : The Five Stages of Belief », et « 50 Years of Gender Bending and Sex Changing ». Avec la féministe trans Cristan Williams, il contribue à The Conversations Project sur des sujets de féminisme radical inclusif. Il est également romancier (GONERZ), dramaturge, consultant en communication et critique de théâtre. Il vit à Washington, DC, et tweete sous l’étiquette @JohnStoltenberg.

    Version originale : https://johnstoltenberg.medium.com/why-human-oppression-happens-5c642733415e
    Traduit par Ana Minski pour TRADFEM. Tous droits réservés à John Stoltenberg.