• #Covid-19 : pourquoi laboratoires et chercheurs testent des #vaccins pour les #enfants
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/03/24/covid-19-faudra-t-il-vacciner-les-enfants_6074233_3244.html

    Aux Etats-Unis, on envisage de commencer à vacciner les enfants à la fin de l’été ; au Royaume-Uni, on évoque l’automne. Les deux pays peuvent, il est vrai, espérer avoir alors immunisé une grande partie de leur population adulte. Pour ceux de l’Union européenne, empêtrés dans un début de campagne poussif, les mineurs demeurent une cible lointaine.

    Mais est-elle seulement souhaitable ? Pourquoi viser les enfants, alors même qu’ils ne courent que de très faibles risques de développer une forme grave du Covid-19 et qu’ils semblent moins touchés par le virus ? Le 16 février, la #Société_française_de_pédiatrie a rendu un avis en ce sens : « Le Covid-19 chez l’enfant est le plus souvent asymptomatique, les enfants sont peu contagieux et très peu de formes sévères ont été décrites, même pour ceux atteints de pathologies chroniques. Actuellement, il n’y a que très peu de données d’efficacité et de tolérance de ces vaccins disponibles chez l’enfant. A ce jour, cette vaccination n’apparaît pas comme nécessaire chez l’enfant en population générale. »

    Professeur de pédiatrie à l’université Emory d’Atlanta, Evan Anderson conteste cette analyse. S’il admet le manque de données actuelles, il ne partage pas l’avis de ses confrères français quant aux menaces qui pèsent, mais aussi que font peser les enfants.

    En septembre 2020, déjà, il publiait, avec sept autres médecins, dans la revue médicale Clinical Infectious Diseases, un article invitant les laboratoires à développer rapidement des vaccins pédiatriques. « Les enfants sont infectés par le SARS-CoV-2, ils transmettent le virus et ils souffrent de complications, résumaient-ils. Des vaccins sûrs et efficaces pourraient leur apporter des avantages directs et indirects. »

    Réduire les risques substantiels et indirects

    L’article détaillait les bénéfices attendus, à la mesure d’abord des « risques substantiels » courus par les enfants. Ainsi, aux Etats-Unis, le taux d’hospitalisation des enfants touchés par le Covid-19 est équivalent ou supérieur à ceux causés par la varicelle, la rubéole ou l’hépatite A. Quant à la mortalité, elle est largement supérieure à celle causée par ces pathologies, contre lesquelles les enfants sont systématiquement immunisés.

    De très jeunes enfants peuvent développer un syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique (PIMS). D’autres, présentant des comorbidités, développent des formes graves, parfois mortelles, de la maladie. Avec 250 décès enregistrés outre-Atlantique, le tribut payé au Covid-19 par les enfants y dépasse désormais celui lié à la grippe. Un bilan qui touche, à 75 %, des enfants issus de minorités ethniques.

    Le deuxième avantage direct de la vaccination tient au retour possible à une vie quotidienne normale pour les plus jeunes. « Même si les stratégies d’atténuation et les mesures barrières permettent aujourd’hui, selon moi, de faire classe en toute sécurité, la vaccination des enfants nous permettrait de revenir plus rapidement à une scolarité normale », estime Jeffrey Gerber, professeur d’immunologie et de pédiatrie à l’université de Pennsylvanie. Un enjeu là encore crucial pour les enfants issus des milieux défavorisés, qui ne disposent souvent ni du matériel ni du soutien éducatif nécessaire pour suivre dans de bonnes conditions un enseignement à distance. Dans leur article de septembre 2020, les huit médecins ajoutaient les multiples activités extrascolaires (sport, théâtre, musique, activités sociales), « dont l’absence affecte sérieusement le développement émotionnel et psychologique des enfants ».

    Pourtant, aujourd’hui, ce sont les bénéfices « indirects » que la société pourrait tirer d’une vaccination des enfants qui pèsent le plus lourd dans la balance sanitaire. Le premier tient à la quête d’une immunité collective, condition nécessaire au retour à la vie normale. Au début de la pandémie, les épidémiologistes avaient estimé qu’une immunisation de 60 % à 70 % de la population pourrait suffire à empêcher la circulation du virus. Avec l’apparition de variants plus contagieux, la barre est sensiblement remontée. Anthony Fauci, le « M. Covid » américain, la situe à présent entre 80 % et 85 %.

    « Les enfants représentent environ un quart de la population mondiale, rappelle le professeur Gerber. Faites le compte : ils constituent une cohorte essentielle si l’on veut atteindre l’immunité collective. » D’autant que l’idée de vacciner 100 % de la population adulte apparaît totalement illusoire. « Evidemment, plus nous parviendrons à vacciner d’adultes, moins nous aurons besoin de vacciner les enfants, précise Beate Kampmann, directrice du centre vaccinal de l’école d’hygiène et de médecine tropicale de Londres. Mais, pour diminuer autant que possible la circulation du virus, réduire sa transmission, mais aussi éviter l’apparition de nouveaux variants, je pense que les enfants vont nous être nécessaires. » Tous ? « Peut-être pas en dessous de 5 ans », évalue-t-elle.

    Stratégie vaccinale « bouleversée »

    Satanés variants ! Ils ont déjà assombri ce début d’année 2021, nourri la troisième vague et relevé le seuil probable de l’immunité collective. Surtout, ils menacent les campagnes de vaccination actuelles. Car le principal moteur de leur apparition est la circulation du virus. Plus il se réplique, plus le hasard risque de donner naissance à un méchant mutant. « Cela bouleverse notre stratégie vaccinale, estime Marie-Paule Kieny, présidente du « comité vaccin Covid-19 » en France. On ne peut plus se contenter de protéger les publics à risque, il faut impérativement diminuer la circulation. Les enfants deviennent une cible légitime. »

    Une cible inévitable ? Pédiatre et immunologue, président du conseil d’orientation vaccinal, Alain Fischer demande encore quelques données avant de se prononcer. « D’abord s’assurer que l’on a bien besoin d’eux pour atteindre l’immunité de groupe, précise-t-il. Peut-être suffira-t-il de vacciner les adolescents de plus de 12 ans, l’âge à partir duquel, du reste, ils semblent vraiment contagieux. C’est d’ailleurs la deuxième question : il faudrait vérifier à quel point les enfants propagent le virus, une question encore controversée. Enfin, il faudra vérifier que les vaccins protègent bien contre la transmission. Les dernières données vont dans ce sens, mais j’aimerais en avoir davantage. »

    Restera alors à convaincre les familles. Dans les pays anglo-saxons, où l’on vaccine déjà les enfants contre la grippe, afin de protéger leurs grands-parents, cela ne devrait pas poser trop de problèmes. « En France, où l’on est moins habitué à la protection vaccinale indirecte, obtenir l’adhésion des parents sera peut-être moins évident, imagine le docteur Fischer. Tout dépendra des jeunes adultes, en vérité. Si eux adhèrent, il ne restera qu’une marche à descendre, et on y arrivera. » Du haut de l’escalier, le défi fait presque rêver.

    • Satanés variants ! Ils ont déjà assombri ce début d’année 2021, nourri la troisième vague et relevé le seuil probable de l’immunité collective. Surtout, ils menacent les campagnes de vaccination actuelles. Car le principal moteur de leur apparition est la circulation du virus. Plus il se réplique, plus le hasard risque de donner naissance à un méchant mutant.

      sympa le style enfantin