• une infirmière de réa de l’hôpital St Louis (Mediapart)

    https://www.mediapart.fr/journal/france/070421/la-derniere-allocution-presidentielle-quel-culot

    « [...] Je remercie malgré tout le Covid d’avoir mis la lumière sur le fait que l’hôpital public était en train de mourir à petit feu, en silence. Ce qui se passe aujourd’hui, avec toujours autant de problèmes de personnel et de matériel des mois après le début de l’épidémie, alors qu’on dépense dans le même temps des milliards pour sauver un secteur aéronautique à l’arrêt, montre définitivement qu’on a décidé de laisser mourir un des meilleurs systèmes de santé du monde.

    J’ai écouté l’allocution présidentielle du 31 mars dernier, quel culot ! Nous demander plus d’efforts encore, après l’année qu’on a passée… Au début de l’épidémie, je me disais que c’était quelque chose de compliqué à gérer, qu’on ne savait rien, mais plus cela avance, plus je ne peux voir cela que comme de l’irrespect pour ce qu’on fait tous les jours. Plus j’écoutais pour savoir si les crèches seraient fermées, plus je n’en revenais pas. Tout ce manque de crédibilité autour de la campagne vaccinale alors qu’on sait qu’on n’a simplement pas assez de doses !

    Je suis une optimiste de nature, mais ça commence à faire très long. Je ne pense pas que la fermeture des écoles et des crèches suffira, les gens vont continuer de se voir le soir, on va continuer d’ouvrir des lits en mode dégradé et on risque de devoir trier. Et je crains aussi que cette politique où on laisse circuler beaucoup le virus tout en vaccinant ne déclenche aussi l’apparition de nouveaux variants. Je ne fais donc aucun pari sur l’avenir.

    On nous demande sans cesse de faire des heures supplémentaires. J’avais quelques jours de repos et ma cadre m’a envoyé chaque jour un message pour s’excuser de me demander si je pouvais revenir pour une nuit ou deux, tellement on manque de gens. On fait des métiers, où, quand on nous rappelle, on revient. Mais là c’est trop fréquent et je ne peux pas revenir aussi souvent, car je dois m’occuper de ma fille, puisque mon mari est aussi médecin et lui-même soumis à des gardes. On est partis pour au moins deux mois hypertendus et on est déjà à bout. »