Tout va trés bien

En hommage à Paul Misraki, l’auteur de la chanson : « Tout va très bien madame la marquise »

  • Covid-19 : comment expliquer la situation catastrophique en Inde ? Vijay Prashad

    L’inaction irresponsable du gouvernement indien et des années de privatisation des soins de santé font aujourd’hui de l’Inde l’épicentre de la pandémie, selon l’historien, éditeur et journaliste marxiste indien Vijay Prasha.

    En Inde, la pandémie de coronavirus a pris une ampleur catastrophique. Sur WhatsApp, on lit annonce sur annonce de contaminations d’amis ou de membres de la famille, tandis que se multiplient les messages indignés vis-à-vis d’un gouvernement qui laisse totalement tomber ses citoyens. Un hôpital manque de lits, un autre d’oxygène.

    Treize mois après que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ait annoncé la pandémie de coronavirus, le gouvernement indien de Narendra Modi semble pétrifié. Alors qu’ailleurs, la vaccination va bon train, le gouvernement indien reste les bras croisés tandis que la population plie sous les assauts des deuxième et troisième vagues.

    Le 21 avril 2021, le pays enregistrait 315 000 cas en 24 heures. Un pic de contaminations qui inquiète : se trouve-t-on face à un nouveau variant ou cette flambée est-elle le résultat de l’incapacité du gouvernement à limiter les contacts sociaux et à vacciner suffisamment ?

    Une désinvolture coupable
    Un rapide coup d’œil sur la carte du monde de la #pandémie suffit pour se rendre compte que c’est dans les pays dont les gouvernements ont ignoré les avertissements de l’OMS que le Covid-19 a fait les pires ravages. L’Inde en est un parfait exemple. Le gouvernement indien a été très lent à réagir au début. Fin mars 2020, il a, du jour au lendemain, décrété un couvre-feu de 14 heures, suivi par un confinement strict. Résultat : des centaines de milliers de travailleurs ont été renvoyés chez eux, sans un sou en poche. Beaucoup sont morts au bord de la route, tandis qu’une multitude d’autres ramenaient le virus dans leurs villes et villages d’origine.

    Le Premier ministre Modi a pris la #pandémie à la légère. Il a conseillé à la population d’allumer des bougies et de taper sur des casseroles pour chasser le #virus en faisant du bruit. Le confinement était sans cesse prolongé, mais quel sens cela pouvait-il avoir pour les millions d’Indiens de la classe travailleuse, contraints de se rendre au travail pour gagner de quoi manger ?

    Un an après le début de la pandémie, l’Inde compte 16 millions de cas avérés et 185 000 décès confirmés. Si je précise « avérés » et « confirmés », c’est parce que l’Inde manque cruellement de données statistiques fiables.

    La faute à la privatisation
    Une grande partie du système de soins de santé indien est passée aux mains du secteur privé, tandis que les soins de santé publics sont systématiquement sous-financés. Alors que, de par son statut de grande puissance industrielle, l’Inde crée énormément de richesses, elle ne dépense pas plus en soins de santé par habitant que la Sierra Leone, un des pays les plus pauvres du monde.

    Les #hôpitaux indiens comptent 5,3 lits pour 10 000 habitants. En Chine, on en compte 43, soit huit fois plus. Il n’y a que 48 000 respirateurs pour l’ensemble de l’Inde, alors que la Chine en avait déjà 70 000 rien que pour la province de Wuhan. La déficience des infrastructures médicales indiennes est en grande partie le résultat de décennies de privatisation. Les hôpitaux privés fonctionnent à pleine capacité en temps normal, de sorte qu’ils ne sont pas en mesure de gérer des pics, puisque cela signifierait qu’ils auraient habituellement des lits ou des respirateurs inutilisés.

    Vaccins et oxygène
    L’Inde est considérée comme la « #pharmacie du monde », car son industrie pharmaceutique produit et exporte toute une série de médicaments génériques. Elle assure 60 % de la production mondiale de vaccins et est également le premier producteur de pilules pour le marché américain. Mais cela n’aide en rien les citoyennes et citoyens indiens ordinaires dans le cadre de la crise actuelle.

    Il n’y a pas assez de #vaccins pour protéger rapidement la population indienne, qui devra attendre... 2022 pour être vaccinée entièrement. Les producteurs de vaccins privés se montrent incapables d’atteindre une cadence suffisante pour répondre aux besoins, mais cela n’a pas empêché le gouvernement de les autoriser à augmenter leurs prix. Parallèlement à cela, les sites de production de vaccins indiens sont à l’arrêt car le gouvernement ne leur octroie pas de contrats ! Il existe également une importante pénurie d’oxygène à usage médical, malgré toutes les promesses d’augmenter les capacités.

    Le 25 mars 2020, le Premier ministre #Modi affirmait avec arrogance qu’il ne lui faudrait pas plus de 18 jours pour remporter le combat contre le #Covid-19. Aujourd’hui, plus d’un an plus tard, l’#Inde ressemble à un champ de bataille jonché de dizaines de milliers de morts, dans une guerre dont on ne voit encore que la partie émergée de l’iceberg.

    Sources : https://www.solidaire.org/articles/covid-19-comment-expliquer-la-situation-catastrophique-en-inde
    zt
    https://peoplesdispatch.org/2021/04/23/the-covid-19-catastrophe-in-india-keeps-growing

    • Et au Kerala ?
      Dans l’État indien du Kerala, dirigé par un gouvernement de gauche, la situation est également préoccupante. Le ministre en chef de l’État, M. Vijayan, assure cependant qu’il n’y a pas de pénurie de lits dans les hôpitaux ni d’oxygène. K. K. Shailaja, la célèbre ministre de la Santé du Kerala, a tweeté que 6,2 millions de doses sur les 6,5 millions allouées à son État avaient déjà été administrées. Elle appelle le gouvernement central à fournir de toute urgence les 5 millions de doses supplémentaires promises.