• Covid-19 : un variant mutant « préoccupant » détecté chez 22 malades à Brest et ses alentours - Bretagne - Le Télégramme
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    INFO LE TÉLÉGRAMME. Un variant anglais, qui a acquis des mutations présentes chez les variants sud-africain et brésilien, a contaminé 22 malades dans Brest Métropole. Des actions de dépistage sont mises en place pour éviter sa propagation.

    La prolifération de variants du coronavirus se poursuit en Bretagne. 22 malades atteints d’un variant anglais particulier ont été découverts récemment dans Brest Métropole, a appris Le Télégramme. Quatre se situent au sein d’un même cluster, né dans une « structure d’hébergement collectif » spécialisée dans la gestion de salariés et de sans-emploi ; les 18 autres sont des cas isolés. « Tous résidant ou ayant séjourné dans une zone géographique limitée autour de Brest », précise Santé publique France.

    « Une première alerte a été transmise le 12 avril suite à sa détection par séquençage chez deux patients domiciliés dans le Finistère. Les autres cas ont été découverts ensuite, huit par séquençage et douze par criblage », explique l’ARS Bretagne au Télégramme. Il n’y aurait pas de lien, « à ce stade », entre le cluster et les cas isolés détectés.

    L’état de santé des 22 malades n’est, pour l’heure, « pas préoccupant ». « Ils sont isolés. Aucune hospitalisation et décès ne sont à déplorer », poursuit l’agence.

    Un variant anglais mutant
    La mutation détectée n’est en tout cas pas nouvelle : elle a été identifiée pour la première fois en Grande-Bretagne en décembre 2020. Il s’agit d’un variant de variant, nommé scientifiquement « 20I/484K » (B.1.1.7 + E484K/Q). En clair, un variant anglais (B.1.1.7) qui a acquis des caractéristiques communes aux variants sud-africain et brésilien (E484K/Q). Plus précisément, des changements sur le 484e acide aminé de sa protéine spike - la fameuse clé stratégique qui permet au virus de pénétrer dans les cellules.

    On sait encore peu de choses sur l’impact de cette mutation particulière. Les hypothèses jusqu’ici soulevées parlent d’une possible résistance du virus aux anticorps développés par des sujets déjà contaminés ou des personnes vaccinées, en plus de la plus grande contagiosité procurée par la souche initiale du variant anglais. Mais cela n’est pas encore formellement démontré.

    Échecs vaccinaux et cas de réinfection
    La mutation reste suffisamment inquiétante pour que les autorités sanitaires la rangent en tant que « variant préoccupant » dans la classification mondiale. Le plus haut rang, au même titre que les variants anglais, brésilien et sud-africain.

    Le Finistère n’est pas le seul territoire français concerné par la découverte. 22 autres malades au variant mutant ont été recensés en Ile-de-France, 3 dans les Hauts-de-France, 2 en Centre-Val de Loire, 1 en Provence-Alpes-Côte d’Azur et 1 dans les Pays-de-la-Loire. « Plusieurs cas sont associés à des clusters intrafamiliaux, avec des transmissions en l’absence de suivi des gestes barrières », déplore Santé publique France. « Plusieurs échecs vaccinaux (contamination après l’injection des deux doses de vaccin, NDLR) et un cas de réinfection ont également été recensés parmi les cas confirmés ». On ignore si les malades bretons en font partie.

    Dépistage renforcé à Brest
    Le 13 avril, « 20I/484K » a été retrouvé dans 3 % des tests positifs séquencés ce jour-là en Bretagne, « en augmentation ». Une présence plus forte qu’en Ile-de-France (2,7 %).

    Une nouvelle étude a été lancée mardi 27 avril, pour mesurer véritablement l’ampleur de sa diffusion dans la région. « Elle analysera l’ensemble des prélèvements positifs réalisés ce jour-là dans le Finistère et des échantillons dans les trois autres départements, afin de dresser une cartographie de l’ensemble des virus, connus ou non, qui circulent sur le territoire », annonce l’ARS au Télégramme.

    Parallèlement, des actions ciblées de dépistage sont menées dans l’agglomération brestoise. Trois points éphémères ont été ouverts fin avril. D’autres seront mis en place dans les prochains jours (dont le 30 avril au complexe sportif de Guipavas).

    De leur côté, les autorités nationales tentent de déterminer comment une telle souche est arrivée jusque sur le sol français. « Aucun voyage à l’international récent n’a été rapporté (parmi les cas confirmés). En dehors du cluster de Brest Métropole, il reste difficile à ce stade de savoir si les cas isolés détectés sont le reflet d’une diffusion communautaire à bas bruit de ce virus ou d’événements d’acquisition de la mutation indépendants les uns des autres », reconnaît Santé publique France.

    Les indicateurs se dégradent à Brest
    La situation sanitaire dans Brest Métropole se dégrade depuis plusieurs semaines. Quatre des huit communes sont au-dessus du seuil d’alerte renforcé (Brest, Guilers, Gouesnou et Guipavas), contre un seul (Le Relecq-Kerhuon) au début du mois. Le taux d’incidence a augmenté, passant de 80 cas pour 100 000 habitants au 30 mars, à 126 cas 20 jours pour tard. Le taux de positivité a bondi de 2,3 % à 5,1 %.

    Mais on ne peut, en l’état des connaissances scientifiques actuelles, imputer cette détérioration sanitaire à l’apparition du variant anglais mutant sur le territoire finistérien. L’ARS Bretagne appelle la population à continuer à respecter les gestes barrières.