de Francis Ponge
lu dans Ponge, pâturages, prairies, de Philippe Jaccottet, éd. Le Bruit du temps, 2015 ; pp.17-18 :
« Quant à la "vérité", toutefois, il me semble que Ponge était devenu, avec le temps, moins sûr de lui ; je pense, entre autres, à ces lignes de janvier 1964, après la mort de Braque et à son propos :
L’esprit marche à je ne sais quelle allure, la Vérité beaucoup plus lentement.
Je dois même dire qu’en ce qui me concerne, ELLE est de plus en plus longue à me rattraper.
De façon générale, Elle ne me paraît pas chose à atteindre, mais à attendre.
Tout ce que nous pouvons faire, plutôt que de nous lancer à sa poursuite, c’est tenter de ralentir notre esprit, qu’Elle nous rejoigne.
Les notes que nous amassons, les mots que nous alignons sont à cet effet seulement.
Qu’Elle parvienne un jour à notre hauteur, (comme on dit), et nous touche l’épaule, c’est la surprise, alors, qui nous cloue sur place ; nous La reconnaissons à sa figure inouïe.
(Ce Ponge-là, le moins rodomont de tous, est le plus grand.) »