Frédéric Bort, l’ancien directeur de cabinet de Georges Frêche, a annoncé son ralliement au Rassemblement national mercredi 12 mai. Une semaine plus tôt, il était en garde à vue dans une affaire d’abus de bien social présumé, selon des informations de Mediapart.
[...] Interrogé par le journal Métropolitain sur son passage par la gendarmerie, Frédéric Bort, qui travaille dans le vignoble familial de Saint-Christol, avait étonnement soutenu, le 6 mai, ne pas avoir été auditionné en tant que suspect par les enquêteurs. « Non, non, il ne s’est rien passé, je n’ai pas été placé en garde à vue », déclarait-il alors.
[...] Georges Frêche a en effet tout fait pour mettre le pied à l’étrier à son directeur de cabinet, arrivé à ses côtés en 2004, jusqu’à le soutenir dans ses études universitaires. Le 6 septembre 2006, le président de la Région déclare dans La Gazette de Montpellier : « J’aimerais le garder [à la Région], et qu’il ait un vrai métier : c’est-à-dire qu’avant de se lancer dans une carrière politique, il termine sa thèse et obtienne un poste de maître de conférences à la faculté de droit. »
Ce qui sera fait quelques mois plus tard : en décembre 2007, Frédéric Bort, inscrit en thèse à la fin des années 1990 après un mémoire sur la coopération viticole (sujet lié à la profession de ses parents), soutient enfin sa thèse dont le sujet porte sur… Georges Frêche.
Intitulée « Le sens politique. Contribution à l’étude des usages du métier d’un chef politique local : Georges Frêche 2004-2007 », la thèse provoque une importante polémique au sein de l’université. Autre point de crispation : le directeur de thèse de M. Bort, « qui n’est plus le même qu’en 2000 – autre entorse à la stricte tradition universitaire », comme le révèle Rue89 à l’époque, est un professeur de science politique « émérite » proche de Georges Frêche.
[... Frédéric Bort continue à travailler au cabinet avant, rêve-t-il, de rejoindre les bancs de l’Assemblée nationale et de lancer sa carrière politique. Seulement, aux législatives de juin 2012, un an et demi après le décès de Georges Frêche, l’ancien directeur de cabinet vit comme un désaveu cinglant le choix de la direction nationale du PS de geler sa circonscription pour un candidat écologiste (qui sera élu au Palais-Bourbon). Rebelote en 2017, quand M. Bort est cette fois écarté par la commission d’investiture d’En Marche ! au profit de Patricia Mirallès, sa suppléante déclarée en 2012.
[...] Le voilà désormais qui estime qu’« il y a d’un côté, les gens qui sont à l’aise, les élites pro-européens et mondialistes », et « le reste : les gens ordinaires, le peuple ouvrier. Ces gens-là, personne n’en parle, personne ne les défend ! » Ce qui justifie, selon lui, de passer à l’extrême droite. « Le discours d’Emmanuel Macron m’a plu, une rupture soft. J’ai été déçu. Il y a un moment, il faut faire en sorte d’une alternative qui soit offerte aux gens oubliés dans la mondialisation », indique-t-il.
[...] Dans le documentaire Le Président d’Yves Jeuland consacré à la dernière campagne régionale de Georges Frêche, en mars 2010, l’engagement de son directeur de cabinet, et sa conception de la politique, était apparu sans filtre aux yeux du public.
En pleine campagne pour la réélection de son mentor, Frédéric Bort déclarait, dans une séquence devenue culte (voir ci-dessous ▻https://www.youtube.com/watch?v=PrKgmGHPfpM
) : « Il faut mentir, sortir des chiffres avec de l’aplomb, etc. Dire que vous avez fait le double. C’est ça qui compte, c’est essentiel. De toute façon, en période électorale, j’allais dire, tout peut se dire et n’importe quoi peut se dire et peut être accrédité de la même manière alors que c’est faux. » L’extrême droite ne devrait pas le dépayser.