Monolecte đŸ˜·đŸ€Ź

Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

    • CT : Vous parlez d’une tendance de plus en plus frĂ©quente Ă  « surestimer le prĂ©judice » qui nous est fait lors d’un conflit en l’interprĂ©tant comme une agression, comment expliquez-vous cela ?

      S.S : Je pense qu’il y a deux dynamiques importantes qui participent souvent d’une escalade de la violence : l’une est liĂ©e Ă  une situation de domination et l’autre au traumatisme. Lorsqu’une personne en situation de domination s’installe dans l’idĂ©e qu’elle ne devrait pas ĂȘtre remise en question et que quelqu’un exprime sa diffĂ©rence, l’inconfort vĂ©cu par la premiĂšre est souvent interprĂ©tĂ© comme une attaque. DiffĂ©remment, lorsque vous avez vĂ©cu des traumatismes, la diffĂ©rence que l’autre incarne dans le cadre d’un conflit est parfois si difficile Ă  gĂ©rer Ă©motionnellement qu’elle en vient Ă  son tour Ă  ĂȘtre perçue ou prĂ©sentĂ©e comme une menace.

      Dans tous les cas, nous transformons des situations de conflits en prĂ©tendant qu’elles sont des agressions afin de nous positionner comme une victime irrĂ©prochable. À notre Ă©poque, pour ĂȘtre digne de compassion, nous devons incarner cet idĂ©al de puretĂ©. Si l’on participe d’une quelconque maniĂšre Ă  un conflit, nous ne sommes plus Ă©ligibles Ă  la compassion. Je pense pourtant que tout le monde devrait ĂȘtre digne de compassion sans condition.

    • #Sarah_Schulman

      Le conflit n’est pas une agression
      Rhétorique de la souffrance, responsabilité collective et devoir de réparation

      ▻https://editions-b42.com/produit/le-conflit-nest-pas-une-agression

      Traduit de l’anglais par Julia Burtin Zortea et JosĂ©phine Gross.

      Des relations intimes aux politiques globales, Sarah Schulman fait le constat d’un continuum : individus comme États font souvent basculer les situations conflictuelles dans le registre de l’agression, criminalisant leurs opposants pour couper court Ă  la contradiction et Ă©chappant ainsi Ă  leur propre responsabilitĂ© dans les conflits. En distinguant conflit et agression, l’autrice interroge notre culture de la stigmatisation. Ce travail profond, aussi courageux qu’impertinent, montre comment la sanction et la rĂ©pression prennent le pas sur l’auto-analyse Ă  l’échelle individuelle et collective, et comment l’altĂ©ritĂ© sert de justification Ă  la violence et Ă  l’exclusion. Ce livre intentionnellement polĂ©mique offre un aperçu des dynamiques contemporaines et historiques qui prennent les diffĂ©rences intimes, raciales et gĂ©opolitiques pour des Ă©lĂ©ments dĂ©clencheurs de la course Ă  l’injustice, Ă  l’exclusion et Ă  la rĂ©pression. Le conflit n’est pas une agression est un virulent plaidoyer contre le phĂ©nomĂšne culturel de l’accusation, rĂ©vĂ©lant combien les personnes en situation de pouvoir exacerbent et manipulent la crainte de l’« autre » pour Ă©viter toute remise en question.