• Le mythe des « balles en caoutchouc » israéliennes – Un si Proche Orient
    https://www.lemonde.fr/blog/filiu/2021/05/16/le-mythe-des-balles-en-caoutchouc-israeliennes


    Echantillon de « balles en caoutchouc » israéliennes, avec en bas à droite le projectile d’acier dénudé (Walled Off Museum, Bethléem, photo Jean-Pierre Filiu)

    Durant le récent cycle de violences à Jérusalem-Est, la presse internationale a régulièrement évoqué le tir par la police israélienne de « balles en caoutchouc » à l’encontre des manifestants palestiniens. Le correspondant du « Monde » sur place est l’un des rares journalistes à rappeler qu’il s’agit en fait de « balles de métal cerné de caoutchouc ». Cette pellicule de caoutchouc, dont la finesse peut être observée sur la photo ci-dessus, amortit à l’évidence l’impact du projectile. Mais, en cas de tir en pleine tête, les blessures peuvent être irréversibles, voire mortelles. C’est pourquoi il est important de démonter le mythe des « balles en caoutchouc » qu’utilisent les forces de sécurité israéliennes à Jérusalem-Est, alors que les balles réelles sont plutôt employées dans le reste des territoires palestiniens occupés.

    UN MYTHE DANS LE MYTHE 

    Le mythe des « balles en caoutchouc » et de la retenue qui est censée les accompagner est inséparable du mythe d’une Jérusalem-Est qui serait pleinement partie d’Israël. La Ville sainte était divisée par une « ligne verte » de cessez-le-feu, de 1948 à 1967, entre une partie occidentale intégrée à Israël et une partie orientale, avec la vieille ville et ses lieux saints des trois monothéismes, annexée par la Jordanie. Dès juin 1967, Israël a procédé à l’annexion de fait de Jérusalem-Est, au nom de « l’unification administrative » d’une municipalité désormais compétente pour l’ensemble de la ville. Cette annexion a été officialisée, en juillet 1980, par une « loi fondamentale », à valeur constitutionnelle, votée par 69 des 120 députés de la Knesset. Le Conseil de sécurité de l’ONU a alors qualifié cette loi de « nulle et non avenue », déniant à Israël le droit de modifier unilatéralement le statut de ce territoire arabe occupé.

    Les Etats-Unis se sont tenus à ce consensus international, jusqu’à la décision de Donald Trump, en décembre 2017, de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et, en mai 2018, d’y déplacer l’ambassade des Etats-Unis.