Monolecte 😷🤬

Fauteuse de merde 🐘 @Monolecte@framapiaf.org

  • Contre le technomonde végan et décarboné (par Philippe Oberlé)
    https://www.partage-le.com/2021/06/13/contre-technomonde-vegan-decarbone-par-philippe-oberle

    Ce n’est pas « l’humanité » qui est res­pon­sable, comme on peut le lire un peu par­tout, mais une seule et unique forme d’organisation sociale, une seule et unique culture humaine, un seul et unique mode de vie par­mi les mil­liers d’autres qui ont exis­té – et existent encore – en ce monde. Cette culture mépri­sant la vie, qui octroie plus de valeur au télé­phone ou à l’ordinateur qu’à la vie d’un enfant congo­lais ou gha­néen ; cette culture dont l’éthique place la bagnole et l’autoroute avant le cerf élaphe et sa forêt, c’est la civi­li­sa­tion indus­trielle née en Europe, pro­duit du bien mal nom­mé siècle des Lumières. Cette civi­li­sa­tion euro­péenne s’est répan­due comme une lèpre à l’ensemble du globe, colo­ni­sant des pay­sages vivants – prai­ries, forêts, maré­cages, man­groves, mon­tagnes, plaines allu­viales, rivières – d’une beau­té qui dépas­sait autre­fois l’entendement, y exter­mi­nant par la même occa­sion leurs habi­tants humains et non-humains. Pour enlai­dir et asser­vir le monde libre, la civi­li­sa­tion dis­sé­mine par­tout les ver­rues de son pro­grès – mines d’extraction, puits de pétrole et de gaz, oléo­ducs et gazo­ducs, méga­lo­poles et centres com­mer­ciaux, zones urbaines et péri­ur­baines, écrans et pan­neaux publi­ci­taires, zones indus­trielles et entre­pôts, mono­cul­tures et éle­vages indus­triels, auto­mo­biles et auto­routes, routes et par­kings, bar­rages et canaux, via­ducs et tun­nels, remon­tées méca­niques et télé­phé­riques, cen­trales éner­gé­tiques et lignes à haute ten­sion, trans­for­ma­teurs et câbles sous-marins, décharges à ciel ouvert et sites d’enfouissement de déchets toxiques/nucléaires, usines d’incinération et décharges sau­vages, plan­ta­tions indus­trielles et scie­ries, sta­tions d’épuration et centres de sto­ckage, etc.

    Cette folie doit ces­ser.

    Et plus loin :

    La citation célèbre d’Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, est également mentionnée :

    « Pendant trop longtemps, nous avons mené une guerre insensée et suicidaire contre la nature. »

    Pourquoi « NOUS » ?!

    VOUS – les Nations Unies, le Forum Économique Mondial, la Banque Mondiale, le FMI, l’Union Européenne, les États, les think tanks et autres groupes de lobbying pro-industrie, toute la mafia bureaucratique locale, nationale et globale, sans oublier les ultrariches, les grandes firmes, leurs PDG et actionnaires –, VOUS menez une guerre contre la nature au nom du « progrès » de l’humanité ! VOUS avez fait usage de la force par le passé, VOUS l’usez encore, et VOUS l’userez toujours pour imposer cette culture mortifère et son mode de vie débilitant presque partout sur Terre. VOUS êtes les uniques responsables du désastre socio-écologique planétaire. Ajoutons en prime qu’Amina J. Mohammed, vice-présidente générale de l’ONU, a été accusée en 2017 par l’ONG Environmental Investigation Agency d’avoir collaboré activement à l’une des plus grandes opérations de blanchiment de bois coupé illégalement de l’histoire lorsqu’elle était ministre de l’environnement du Nigéria[34]. La mafia chinoise du bois de rose aurait versé plus d’un million de dollars de pots-de-vin à des hauts responsables et officiels du gouvernement nigérian pour autoriser l’entrée en Chine de plus de 10 000 containers de bois dit « kosso » d’une valeur totale estimée à au moins 300 millions de dollars. L’affaire a semble-t-il rapidement été étouffée. Aujourd’hui, cette dame est toujours en poste et préside, tenez-vous bien, le « Groupe des Nations Unies pour le développement durable[35] ».

    Cette technique discursive façonne l’inconscient collectif de la masse et suggère insidieusement que « nous » serions tous dans le même bateau, avec une responsabilité partagée équitablement entre tous les humains. Si les effets de telles pratiques paraissent indiscernables au premier abord, ils n’en sont pas moins dévastateurs. Les innombrables cultures rurales traditionnelles et les peuples autochtones de par le monde sont rendus invisibles par ce discours essentialiste. Les inégalités béantes inhérentes au capitalisme et, dans une plus grande mesure, à toute civilisation[36], disparaissent elles-aussi. Insultant la plupart des habitants du Sud global qui ne portent aucune responsabilité dans ce meurtre prémédité de la planète, ces propos sont symptomatiques de la violence quotidienne de la culture dominante. Voilà comment, grâce à la manipulation des mécanismes psychologiques du cerveau humain (ou marketing), à la puissance technologique offerte par Internet et les réseaux sociaux, l’on fabrique de toutes pièces une identité et une culture uniques pour l’humanité tout entière. L’emploi du nous a un effet rassembleur sur le bétail humain, chose essentielle pour guider le troupeau et « engager » les prospects dans la voie du progrès, pour réemployer un anglicisme à la mode chez les techno-ahuris de la startup nation. Nous serions tous responsables du désastre global mais, fort heureusement, nous pouvons faire des choix différents. Nous pouvons changer notre façon de consommer ! Diantre, mais pourquoi n’y avons-nous pas pensé plus tôt !? Outre le peu de considération pour la vie humaine réduite à l’achat – ou non – d’une marchandise ou d’une expérience sur un marché, ce discours laisse croire aux gens qu’ils ont le choix, donc qu’ils sont libres. Et dans le même temps, il limite drastiquement leurs moyens d’action en fixant le cadre, en limitant l’individu à son statut de consommateur. C’est une insulte à la dignité humaine. Êtes-vous un consommateur décérébré, un portefeuille sur pattes, un distributeur de billets ambulant ? Ou êtes-vous un être humain ?