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Fil d’actualités Covid19-Migration-santé (veronique.petit@ird.fr) relié à CEPED-MIGRINTER-IC MIGRATIONS.

  • La question migratoire revient au Conseil européen
    https://www.lemonde.fr/international/article/2021/06/23/la-question-migratoire-revient-au-conseil-europeen_6085347_3210.html

    La question migratoire revient au Conseil européen. La proposition d’un « pacte global pour la migration » présentée par la Commission en septembre 2020, reste bloquée, même si les Vingt-sept se sont mis d’accord sur certains aspects du projet, comme l’Agence européenne sur l’asile. La discussion entre les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne, réunis en sommet jeudi 24 et vendredi 25 juin, promettait, selon leur entourage, d’être rapide mais elle traduit, en tout cas, l’inquiétude des uns et des autres. Alors que la météo s’améliore et que la pandémie du Covid-19 recule, le dossier de la migration revient, en effet, au premier plan. En Italie, en Grèce, en Espagne, mais aussi en Lituanie qui a vu arriver récemment, à sa frontière avec la Biélorussie, quelque 400 réfugiés, irakiens, syriens et afghans notamment. « Ce n’est pas beaucoup, mais ça change la perception de l’est sur les sujets migratoires », confie-t-on à la Commission.
    Selon les dernières données de l’agence Frontex, les tentatives de franchissement sont partout à la hausse par rapport à 2020, sauf en Méditerranée orientale (6 215 depuis le début de 2021, soit - 47 %). Elles ont augmenté de 151 % en Méditerranée centrale (15 717) et de 104 % (14 723) dans les Balkans occidentaux.
    Privilège abonnés Les pays d’immigration secondaire, comme la France ou l’Allemagne, qui reprochent toujours à l’Italie ou à la Grèce de ne pas contrôler suffisamment leurs frontières s’inquiètent aussi. « Je ne crois pas qu’il y ait le moindre progrès en Italie pour l’instant », insiste un diplomate d’un pays du nord.
    En Allemagne, on redoute que la question ne vienne polluer la campagne électorale en vue du scrutin législatif de septembre. « Le pays enregistre en ce moment un peu moins de 400 demandeurs d’asile par jour, comme avant le Covid », indique une source. La chancelière Angela Merkel a échangé sur le sujet avec le président Emmanuel Macron, qu’elle recevait à dîner vendredi 18 juin, et avec Mario Draghi, le président du Conseil italien, qui s’est rendu à Berlin lundi. A cette occasion, la chancelière a souligné la nécessité de maintenir une coopération étroite avec la Turquie. Pour le premier ministre italien, le sujet est politiquement inflammable et il avait tiré la sonnette d’alarme les 24 et 25 mai, lors de la précédente rencontre entre les Vingt-Sept. « On a mis le sujet à l’ordre du jour par correction pour Draghi, mais il ne faut pas en attendre trop », confie toutefois une source à Bruxelles.
    La proposition d’un « pacte global pour la migration » présentée par la Commission en septembre 2020, reste bloquée, même si les Vingt-sept se sont mis d’accord sur certains aspects du projet, comme l’Agence européenne sur l’asile. La présidence portugaise de l’Union ne comptait pas faire de ce thème une priorité. Quant à la Slovénie, qui lui succédera le 1er juillet, elle est désormais rangée, avec la Hongrie et ses partenaires du Groupe de Visegrad, dans le camp des opposants à une politique coordonnée et solidaire. Entre les Européens de l’Est qui refusent de prendre leur part du fardeau et les pays du Sud qui ne veulent pas assumer seuls la responsabilité de l’accueil des migrants, le débat semble inextricable. Pendant ce temps, l’Europe forteresse se constitue, la Grèce construit un mur aux allures trumpiennes sur la frontière avec la Turquie, les refoulements illégaux de demandeurs d’asile se multiplient et tant le Haut-Commissariat aux réfugiés que l’Organisation internationale pour les migrations lancent un avertissement : la détérioration constante des conditions de vie des migrants en Libye, couplée au retour du beau temps, pourrait entraîner de nouvelles vagues migratoires. D’autant que les canaux légaux promis par les Européens restent une autre chimère.
    L’International Rescue Committee insiste de son côté sur les conditions de détention « horribles » dans des centres de détention libyens en proie à la violence, ce qui ne peut qu’inciter des migrants à tenter des traversées qui ont déjà entraîné la mort de plus de 500 personnes cette année. Faute d’accord possible sur le pacte et les sujets qui divisent, les dirigeants tenteront au moins d’avancer sur ceux qui feraient consensus. En l’occurrence, le renouvellement de l’accord de coopération conclu avec la Turquie en 2016. La Commission aimerait que les Etats membres participent au financement de la « facilité » mise en place pour aider financièrement Ankara à accueillir et à gérer les réfugiés, comme ils l’ont fait en 2015 et 2016 (à hauteur de la moitié du total de 6 milliards d’euros).
    Les Vingt-sept ne le voient pas de cet œil. « Le budget pluriannuel de l’Union européenne vient d’être renouvelé [pour la période 2021-2027], il y a de l’argent et donc il n’y a aucune raison que les Etats membres mettent de nouveau au pot », confie un diplomate. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, a annoncé, mardi 22 juin, qu’elle ferait une proposition aux Vingt-sept à l’occasion du Conseil. Elle se verra peut-être objecter que les politiques d’asile, de migration et de contrôle des frontières disposeront, pour la période 2021-2027, d’un budget de 18 milliards qui vient d’être adopté par le Conseil. Le principe du renforcement de la coopération avec les pays tiers, et notamment la Libye et la Tunisie, semble, lui, entériné, avec un budget d’un milliard par an. « Il s’agit de mettre en place des leviers, c’est-à-dire conditionner nos financements ou la délivrance de visas à la coopération avec les pays tiers », résume un diplomate. Paris et Rome se sont entendus sur une liste d’actions à négocier avec des pays tiers – lutte contre les trafiquants, le retour des déboutés du droit d’asile, le « traitement des causes du départ ». Ils tentent de rallier d’autres pays à ce projet, évoqué, comme d’autres, depuis un long moment.

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