• Comment, à Roissy, un Saoudien a passé la douane avec 500 000 euros de cash [avec l’aide du gouvernement], Antoine Albertini
    https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/06/24/comment-a-roissy-un-saoudien-a-passe-la-douane-avec-500-000-euros-de-cash_60

    Contrôlé à l’aéroport le 16 juin, cet homme a bénéficié d’une procédure de régularisation expresse, au grand dam des douaniers.

    Ni communiqué triomphant ni photographie de liasses de billets de banque exhibées sur les réseaux sociaux. Cette fois, les douanes font profil bas. Pourtant, le contrôle opéré mercredi 16 juin à l’aéroport de Roissy - Charles-de-Gaulle avait de quoi figurer en bonne place au tableau des saisies d’argent liquide : 500 000 euros en coupures de 50 livres sterling, 50 et 100 euros, soigneusement empaquetés dans des pochettes translucides maintenues par des élastiques, et disposés à l’intérieur d’une banale valise. Les douaniers avaient de quoi pavoiser.

    C’était sans compter les instructions de leur hiérarchie – et de deux ministères. Après plusieurs heures de négociations, le propriétaire de la valise bourrée de cash et son accompagnateur, en provenance de l’aéroport international saoudien Roi-Abdelaziz de Djeddah, ont été autorisés à s’envoler pour Nice. Avec leur bagage et, en prime, les excuses d’un responsable des douanes de l’aéroport.

    Quelle belle prise, pourtant. Ce jour-là, alors qu’un vol régulier vient de se poser à Roissy, les contrôleurs de la brigade de surveillance extérieure procèdent à une opération de « sélection des passagers » entre le terminal F, qui accueille les vols en provenance de l’espace Schengen, et le E, qui reçoit les vols dits « tiers ». Deux voyageurs retiennent leur attention. S’ils n’opposent aucune résistance, les deux hommes insistent : rien à déclarer. A l’intérieur de la valise transportée par l’un d’eux, les douaniers découvrent pourtant un demi-million d’euros.

    Déclaration sur Internet

    Sur le papier, il s’agit d’un cas caractérisé de « manquement aux obligations déclaratives », un délit non puni d’emprisonnement mais qui entraîne notamment une lourde amende. En pareille hypothèse, les fonctionnaires à l’origine de la découverte sont tenus d’en informer leurs supérieurs directs et, en outre, les services spécialisés comme la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières ou le service d’enquêtes judiciaires des finances. Ce que font aussitôt les douaniers de Roissy. Ils ne tardent pas à comprendre que la nationalité saoudienne des deux individus contrôlés et la qualité de diplomate prétextée par l’un deux posent un sérieux problème.

    L’information remonte donc la chaîne hiérarchique, de la chef du service des douanes de l’aéroport jusqu’au directeur général en passant par le chef divisionnaire et le directeur interrégional. Puis, le cabinet d’Olivier Dussopt, ministre chargé des comptes publics, est avisé. Pour faire bonne mesure, le Quai d’Orsay – qui n’a pas répondu à nos sollicitations – est également averti. « Tout le monde a cherché à se couvrir et sortir d’un mauvais pas, assure une source de l’aéroport de Roissy. Le tout, au détriment des douaniers sur place qui ont fait un excellent travail et on dû manger leur chapeau sur ordre de leur hiérarchie, comme c’est souvent le cas avec les ressortissants de pays du Golfe. »

    Plusieurs solutions sont alors envisagées. Faire jouer la qualité de diplomate dont se prévaut l’un des passagers contrôlés ? Impossible : contrairement à une fausse idée répandue, le personnel des ambassades ne peut se soustraire à un contrôle qu’à la condition de présenter un ordre de mission officiel en bonne et due forme. Or, ce n’est pas le cas. Faut-il autoriser les deux voyageurs à circuler, sans autre formalité ? L’affaire est trop sensible.

    Après avoir phosphoré plusieurs heures, la haute hiérarchie douanière propose un véritable tour de passe-passe. Elle ordonne aux douaniers à l’origine du contrôle de rédiger un « Dalia » au bénéfice des deux Saoudiens. Cette déclaration d’argent liquide sur Internet doit théoriquement être effectuée par « toute personne physique qui transporte de l’argent liquide d’un montant égal ou supérieur à 10 000 euros ». Quant à la procédure, dématérialisée depuis le 3 juin, le site de l’administration des douanes précise qu’elle doit être effectuée au plus tôt trente jours avant la date d’un voyage et « au plus tard avant le franchissement de la frontière ».

    « Un passe-droit officiel »

    Après avoir évoqué une affaire « dont il est impossible de parler compte tenu des procédures en vigueur et, notamment, du secret fiscal », le cabinet de M. Dussopt a finalement indiqué que la situation des deux voyageurs avait été « régularisée suivant les procédures », en précisant que le ministre démentait fermement toute intervention, « comme c’est toujours le cas pour les dossiers personnels ».
    Le transporteur de la valise n’ayant pas quitté la zone internationale au moment du contrôle, il n’avait donc pas encore franchi officiellement la frontière française au moment de sa déclaration en ligne. Il a donc, assure le cabinet ministériel, « régularisé spontanément sa situation après contrôle ».

    Interrogé sur la validité d’une telle procédure, le responsable d’un service des douanes s’étrangle : « Un contrôle sert précisément à détecter une situation anormale. C’est donc avant qu’il faut être en règle. Régulariser a posteriori, qui plus est en exigeant des douaniers de le faire à la place du transporteur, ça s’appelle un passe-droit officiel et une autorisation de blanchiment douanier. »
    Mercredi 16 juin, les deux passagers ont finalement pu s’envoler pour Nice, où ils étaient impatiemment attendus, ont-ils expliqué, pour « livrer » les billets à un éminent membre de la famille royale saoudienne, en villégiature dans la région de Cannes.

    Le secrétaire d’État Oliver Dussopt sous enquête judiciaire pour “corruption”, s’était fait offrir en 2017 des œuvres d’art par un cadre de la Saur, une entreprise de gestion d’eau qui était en affaires avec la municipalité d’Annonay que dirigeait à l’époque Dussopt.
    https://www.revolutionpermanente.fr/Le-secretaire-d-Etat-Oliver-Dussopt-sous-enquete-judiciaire-pou

    Emmanuel Macron crée la surprise en inaugurant La Samaritaine
    https://www.lefigaro.fr/style/emmanuel-macron-cree-la-surprise-en-inaugurant-la-samaritaine-20210621

    RÉCIT - Emmanuel Macron a rejoint Bernard Arnault lundi matin à La Samaritaine pour y inaugurer ce fleuron du commerce français, fermé depuis 15 ans et rénové depuis 2015 par son propriétaire, le groupe LVMH.

    Alignés à tous les étages du bâtiment amiral, en uniforme et masque facial bleu marine, rayé de petit mousse et baskets blanc immaculé à lacets jaune d’or, [les salariés.e.s] ont accueilli le couple présidentiel par une ovation des plus ferventes en cette avant-veille de l’ouverture au public (mercredi 23 juin).

    #luxe #tourisme