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Fil d’actualités Covid19-Migration-santé (veronique.petit@ird.fr) relié à CEPED-MIGRINTER-IC MIGRATIONS.

  • Covid-19 : les personnes en grande précarité « ont été les oubliées de la vaccination »
    https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/07/04/covid-19-les-personnes-en-grande-precarite-ont-ete-les-oubliees-de-la-vaccin

    Covid-19 : les personnes en grande précarité « ont été les oubliées de la vaccination ». Des associations vont au-devant des populations les plus éloignées des services de santé, sans-abri ou logeant dans des structures d’habitat collectif, particulièrement exposées au virus.
    Sous la tente de la clinique mobile installée par Médecins sans frontières (MSF) dans le 19e arrondissement de Paris, Sadar, un demandeur d’asile afghan de 33 ans, vient tout juste de recevoir sa première dose de vaccin contre le Covid-19. « J’ai eu le Pfizer. Je suis l’actualité et c’est ce vaccin-là que je voulais », se réjouit-il en attendant que s’écoulent les quinze minutes d’observation qui suivent l’injection. Autour de lui, d’autres Afghans attendent eux aussi d’être vaccinés.Tous logent dans le bâtiment d’en face, un centre d’expositions situé près de la porte de la Villette, qui accueille depuis plusieurs mois des migrants sans solution d’hébergement. La veille, les équipes de MSF sont passées faire de la sensibilisation afin d’expliquer que le vaccin était gratuit et accessible à tous. « Je l’ai fait pour moi et pour protéger les autres », dit Sadar. En quelques minutes à peine, la clinique mobile permet aux personnes sans couverture sociale de se faire vacciner et de prendre rendez-vous pour la seconde dose.
    Depuis le début du mois de juin, les autorités sanitaires et des associations de terrain, comme MSF et la Croix-Rouge, ont débuté une campagne de vaccination à l’intention des populations les plus éloignées des services de santé, à la fois les personnes sans-abri et celles qui logent dans des structures d’habitat collectif. Vendredi 25 juin au soir, les associations recensaient 706 personnes ayant reçu une première injection à Paris et dans les départements de la petite couronne.
    Bruno Morel, le président d’Emmaüs Solidarité – qui gère des maraudes, des accueils de jour et des centres d’hébergement –, analyse ce nombre comme une « nette évolution ». « Nos indicateurs, qui étaient très inquiétants au mois de mars, se rétablissent », explique-t-il. A ce stade, néanmoins, l’enjeu reste immense : au total, d’après les chiffres du ministère de la santé, plus de 350 000 personnes, qu’elles soient françaises ou étrangères, sont identifiées comme vivant à la rue, dans un squat, en hébergement d’urgence ou dans les logements réservés aux demandeurs d’asile.
    Lors du lancement de la campagne vaccinale, en janvier, les associations ont réclamé, en vain, le placement des personnes en situation de grande précarité sur la liste des publics prioritaires. Seuls les résidents des foyers de travailleurs migrants de plus de 60 ans ont pu être vaccinés dès le mois de février. Pour les autres, il fallait suivre le calendrier vaccinal classique, en fonction des critères d’âge et de comorbidité définis au niveau national. Or, « les personnes à la rue n’atteignent généralement pas 55 ans. Elles ont été les oubliées de la pandémie et de la vaccination », estime Cristiana Castro, responsable d’activité Covid en Ile-de-France pour MSF.
    Pourtant, de fait, ces populations ont été fortement exposées au virus, notamment dans les structures d’habitat collectif, des lieux où la promiscuité est inévitable et la distanciation physique impossible. En novembre 2020, MSF publiait les résultats d’une enquête épidémiologique menée dans différentes structures franciliennes. Dans les deux centres d’hébergement d’urgence étudiés entre le 23 juin et le 2 juillet 2020, une personne sur deux était positive au Covid-19.Depuis le mois de mai, la situation évolue avec l’abaissement de l’âge requis pour être éligible à la vaccination. Les autorités et les associations, néanmoins, se heurtent encore à toute une série de difficultés. « La vaccination est vraiment un défi. Ce sont des personnes qui ont d’autres priorités : manger, être en sécurité, se soigner, faire des démarches administratives », poursuit Cristiana Castro. Il faut identifier les personnes concernées, garantir un accès à l’information suffisant, assurer leur suivi… Pour ce faire, les associations misent sur deux piliers : sensibilisation et accompagnement.En amont de la vaccination, des séances de visioconférence sont par exemple organisées dans les structures gérées par Emmaüs Solidarité. Trois médecins bénévoles sont par ailleurs chargés de se rendre dans ces lieux pour répondre aux interrogations et aider à la prise de rendez-vous. « Tout comme dans le reste de la population, certaines personnes peuvent exprimer une forme de défiance à l’égard du vaccin. Petit à petit, à force de discussion, on arrive à les convaincre », explique Marie-France Eprinchard, présidente d’Emmaüs Solidarité et médecin.
    Plusieurs contraintes logistiques se posent, comme le suivi des personnes sans abri pour l’administration de la seconde dose. « Au départ, on voulait vacciner avec Janssen, qui a l’avantage d’être unidose, mais il est finalement réservé aux plus de 55 ans. Or, à la rue, la moyenne d’âge se situe entre 30 et 40 ans, détaille Cristiana Castro. On a fini par se dire qu’il fallait utiliser les autres vaccins et qu’une dose, c’était toujours mieux que rien du tout. » En parallèle, plusieurs dispositifs sont mis en place pour tenter de faire revenir les personnes pour la seconde injection : par exemple, les associations installent leur clinique mobile toujours aux mêmes endroits, près des points de distribution alimentaire comme ceux des Restos du cœur, afin d’être facilement identifiables.« On a la trouille de la rentrée, il faut absolument faire feu de tout bois, ne pas baisser la garde et continuer dans cette voie », dit Bruno Morel, d’Emmaüs Solidarité. « Il faut éviter que la rentrée soit un cauchemar avec la montée du variant indien », abonde Marie-France Eprinchard.

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