• Pass sanitaire : « On peut s’interroger sur la méthode sans être complotiste » - Rennes - Le Télégramme
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    Pierre Clolus est propriétaire du restaurant « L’Ambassade », à Rennes.
    Vincent Michel/Le Mensuel de Rennes

    Personnellement « pro vaccin », Pierre Clolus, le responsable du collectif rennais On va tous trinquer, explique pourquoi les restaurateurs et les cafetiers de la capitale bretonne sont opposés aux modalités d’application du pass sanitaire, qu’ils jugent « inapplicables ».

    Vous êtes responsable du collectif On va tous trinquer, élu à l’Union des métiers de l’industrie hôtelière (UMIH 35) et patron du restaurant rennais « L’Ambassade ». Comment avez-vous accueilli les dispositions de l’avant-projet de loi qui prévoit, notamment, de rendre le pass sanitaire obligatoire pour les clients de vos établissements à compter du 1er août ?

    Mes collègues et moi sommes sidérés, abasourdis ! Ces nouvelles mesures ont été annoncées sans concertation, sans débat. Cela tombe du ciel, comme ça ! Nous sommes extrêmement inquiets. C’est inapplicable. Les délais sont impossibles à tenir.

    Personnellement, je suis favorable à la vaccination. Néanmoins, je m’interroge sur la méthode et le calendrier de ces mesures. On a galéré des mois. On commençait à bien retravailler et voilà qu’une nouvelle annonce verticale nous replonge dans la crise. On ne sera pas en mesure de mettre tout ça en place dans les temps, même avec la meilleure volonté du monde.

    On nous demande de contrôler et de trier nos clients. J’en reçois 300 par jour. Comment faire sur un plan pratique dans un délai très court, sans prévoir les moyens qui vont avec ? Je n’ai pas les moyens d’embaucher un vigile.

    Sur un plan économique, plus de la moitié de nos clients ne sont pas vaccinés. Cela veut dire que nous allons perdre au moins la moitié d’entre eux… Imaginez que, dans un groupe, une personne n’ait pas le pass. Ces gens opteront pour aller passer une soirée privée plutôt que de venir chez nous. C’est vraiment très inquiétant.

    L’avant-projet de loi prévoit que les responsables d’établissements qui ne contrôleraient pas la détention des documents sanitaires par leurs clients risqueront une peine d’un an de prison et 45 000 € d’amende. Cela vous inspire quoi ?
    C’est disproportionné et scandaleux. Dealer du shit expose à moins de risque que de ne pas contrôler un QR code (†) ! On nous transfère une mission de police dont l’application sera contrôlée par des policiers qui, eux, ne sont pas soumis à l’obligation de disposer d’un pass sanitaire. C’est juste hallucinant.

    L’avant-projet de loi prévoit aussi que toutes les personnes salariées dans vos établissements devront également disposer d’un pass sanitaire pour continuer à exercer. Qu’en pensez-vous ?
    C’est le même problème qu’avec nos clients. La plupart de nos salariés sont jeunes. Au début, ils n’ont pas eu accès aux vaccins réservés aux personnes âgées et ne se sont pas forcément pressés. Bilan, les miens ne seront pas vaccinés dans les temps. C’est impossible. Depuis les annonces d’Emmanuel Macron, les premiers créneaux de vaccination disponibles à Rennes sont fin août. Je vais faire quoi le 15 septembre ? Les virer ? On rencontre déjà de gros problèmes de main-d’œuvre dans notre secteur et on nous met des bâtons supplémentaires dans les roues…

    Qu’allez-vous faire ?
    Franchement, à ce stade, je ne sais pas. Je suis en état de sidération. On va voir si le texte est vraiment voté comme ça. Ce qui est inquiétant, c’est que personne ne semble réagir parmi les élus, sauf ceux du Rassemblement national. On peut quand même s’interroger sur la méthode sans être catégorisé complotiste !

    (†) En réalité, un petit dealer encourt jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 € d’amende.

    • à force de s’habituer à l’état de minorité imposé aux moins de 25 ans en matière de revenu minimum, voilà que les cafetiers sont supposés contrôler les papiers de tous comme ils doivent le faire des clients qui commandent de l’alcool et paraissent trop jeunes.
      imposer aux commerçants d’user du droit de contrôle des flics ne devait pas tenir la route juridiquement.
      je promènerais une attestation papier, mais si un commerçant me demande une CNI, j’envisage la plainte pour abus de pouvoir ou tout autre motif plaidable.

      #quérulence_de_rigueur