Qui est Laurel Hubbard, la première athlète transgenre à participer aux Jeux olympiques ?
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La Néo-zélandaise Laurel Hubbard va devenir la première athlète transgenre à participer aux Jeux olympiques. Née homme, elle va concourir au tournoi d’haltérophilie à Tokyo. Une présence qui suscite également des critiques.
Les Jeux olympiques de Tokyo, qui débutent d’un moins d’un mois, seront le théâtre d’une grande première. La Néo-Zélandaise Laurel Hubbard sera la première femme transgenre à concourir à la grande messe du sport mondial. La Fédération olympique de son pays a confirmé sa présence parmi la délégation envoyée au Japon.
Âgée de 43 ans, Laurel Hubbard est haltérophile et inscrite dans la catégorie super-lourds (+87 kg). Elle est actuellement 16e mondiale dans sa discipline. L’athlète s’est montrée ravie de cette décision. « Votre soutien, vos encouragements et votre ‘aroha’[affection] m’ont portés au milieu des ténèbres », a-t-elle indiqué.
Sur le plan juridique, son inscription ne souffre d’aucune contestation. Son taux de testostérone est inférieur à 10 nanomole par litre de sang, soit en dessous du maximum autorisé par le Comité international olympique (CIO) et elle a déclaré son identité de genre comme femme depuis plus de quatre ans.
Une transition débutée en 2012
L’athlète, fille de l’ancien maire d’Auckland, avait donc commencé l’haltérophilie en tant qu’homme. Dès l’adolescence elle se posait pourtant de nombreuses questions sur son identité. « Je me suis dit que, peut-être, si j’essayais de faire quelque chose de très viril, j’allais le devenir, mais ça ne s’est pas passé comme ça », expliquait-elle à la radio publique Radio New Zeland.
Laurel Hubbard a commencé l’haltérophilie en tant qu’homme. (Photo : Getty Images)
Après plusieurs années de pratique à haut niveau elle décide de ranger les poids en 2001 car la pression était trop forte pour « rentrer dans les cases de ce monde ». « J’avais juste la pression d’essayer de m’intégrer dans un monde qui n’était peut-être pas vraiment conçu pour des gens comme moi. » Dès lors, elle débute une longue période de réflexion et de questionnements jusqu’à décider, en 2012, d’entamer un traitement aux hormones pour engager sa transition.
Les athlètes transgenres sont autorisés à prendre part aux épreuves olympiques depuis les Jeux d’Athènes en 2004 mais aucun pays n’avait jusqu’ici franchi le pas. En 2015, le CIO avait précisé autoriser les femmes trans à participer aux épreuves féminines sans avoir recours à une chirurgie de réassignation sexuelle si elles respectaient le taux de testostérone imparti.
Une déclaration qui a motivé Laurel Hubbard à reprendre l’entraînement, avec succès puisque ses performances ont ensuite été éclatantes avec une médaille d’argent aux Mondiaux 2017, l’or aux Jeux du Pacifique 2019 ainsi qu’à la Coupe du monde 2020 à Rome.
« Une participation injuste »
Des participations et des résultats qui suscitent également la critique. L’haltérophile belge Anna Van Bellinghen a par exemple qualifié sa participation aux JO « d’injuste » et proposé de créer « une catégorie distincte pour les haltérophiles transgenres » car « les athlètes féminines sont désavantagées par rapport aux athlètes transgenres ».
La participation de Laurel Hubbard fait face à de nombreuses critiques. (Photo : Adrian Dennis / AFP)
Et elle n’est pas la seule à s’indigner. Nombre de détracteurs mettent en avant son avantage physique d’être née homme et d’avoir vécu sa puberté en tant que tel, entraînant davantage de densité osseuse et musculaire et ce malgré son taux de testostérone actuel. Beaucoup d’athlètes femmes se sentent ainsi lésées. Certains estiment également que c’est une forme de dopage.
Laurel Hubbard est consciente de toutes ces interrogations et plaintes mais préfère rester détachée de tout ça. « Tout ce que vous pouvez faire est de vous concentrer sur la tâche à accomplir et si vous continuez à le faire, cela vous permettra de passer à travers. Je suis consciente que je ne serai pas soutenue par tout le monde, mais j’espère que les gens pourront garder l’esprit ouvert et peut-être regarder ma performance dans un contexte plus large » déclarait-elle en 2017.
Kereyn Smith, la cheffe du Comité olympique néo-zélandais comprend également les débats autour de l’athlète. « Nous reconnaissons le fait que l’identité transgenre dans le sport est un sujet hautement sensible et complexe, qui exige un équilibre entre les droits humains et l’équité sur le terrain. » Laurel Hubbard prendra part à l’épreuve olympique d’haltérophilie le 2 août.