marielle 🐢

« vivere vuol dire essere partigiani » Antonio Gramsci

  • Le Monde : avènement d’une dynastie Niel ?
    https://www.arretsurimages.net/articles/articles/le-monde-avenement-dune-dynastie-niel-par-julia-cage-et-benoit-huet

    Vous avez dit démocratie ? Cette construction est d’autant plus problématique qu’elle permet à Xavier Niel de donner le contrôle du Fonds de dotation à toute personne de son choix (y compris à un acteur extérieur), simplement en le nommant au conseil d’administration du fonds. Une brèche vient ainsi s’ouvrir dans le mécanisme d’agrément, qui avait été durement négocié par le Pôle d’indépendance du Monde en 2018, et qui permettait au journal de se prémunir contre l’entrée d’un actionnaire indésiré. Difficile de s’enthousiasmer quand on sait par ailleurs que l’influence que Xavier Niel en retire reste énorme, et que le gain recherché en termes d’image doit clairement peser dans la balance. L’opération a par ailleurs été présentée comme vertueuse car permettant de « sanctuariser » le capital des journaux possédés par le Fonds, et plus particulièrement d’empêcher que" Le Monde" et" L’Obs" ne puissent un jour être revendus.

    Certes, cette règle peut apparaître comme une protection. Mais elle revient également à geler pour les décennies à venir une part non négligeable du capital du groupe" « Le Monde entre les mains d’un homme… et de ses descendants, puisque l’article 14 des statuts stipule qu’ »"en cas de décès du Fondateur, les droits du Fondateur au titre des présents statuts se transmettront de plein droit à ses ayants droit"". Une transmission aux héritiers assez inhabituelle dans un fonds de dotation, et qui semble construite pour que la propriété du Monde demeure ad vitam aeternam entre les mains d’une seule famille. L’avènement d’une dynastie Niel ? Le pari est le bon si l’on pense que, dans un monde où les milliardaires à la tête des médias sont souvent prompts à décrocher leur téléphone, Xavier Niel serait du côté des « gentils », c’est à dire de ceux qui laissent les rédactions faire leur travail. Les journalistes qui l’ont pratiqué tout au long de la dernière décennie confirment d’ailleurs qu’il n’a pas cherché à s’ingérer dans la ligne éditoriale de « ses » journaux, à la différence par exemple d’un Vincent Bolloré qui piétine allègrement la liberté d’informer. Certes.

    Le cas Jules niel, 20 ans

    Mais les hommes peuvent changer. Les pratiques de l’actionnaire à date ne garantissent ni sa bonne volonté dans quelques années, ni celles de ses héritiers dans quelques décennies. Est-il ainsi bien prudent de lier le destin du plus grand journal français à des ayants droit dont on ne connaît pas le rapport à l’indépendance des médias ? Le cas de Jules Niel, fils de Xavier, qui se retrouve du haut de ses vingt ans – avec quelle légitimé, si ce n’est celle du sang – propulsé au conseil d’administration du fonds de dotation, est emblématique de la difficulté posée par la transmission héréditaire du pouvoir dans un groupe de presse.