• La 5e vague est-elle 10 fois plus dangereuse que les précédentes pour les non-vaccinés ?

    Résumé : A incidence égale, la vaccination divise par 10 les hospitalisations. Comme on ne prend aucune mesure drastique tant qu’il y a des lits, cela permet de « supporter » une incidence 10 fois plus forte. Cela multiplie par 10 les risques pour les non vaccinés.

    NOTE : Ce document est une ébauche, car je ne connais pas précisément l’effet du vaccin sur les différents risques (infection, transmission, hospitalisation, décès) en fonction du nombre de doses et de l’ancienneté de la dernière dose reçue. Je suppose aussi que le risque est proportionnel au taux d’incidence.

    Les taux d’incidence sont repartis à la hausse, lentement comme toute exponentielle qui démarre. Mais il est à craindre que ce soit sûrement. Les autorités ne semblent pas s’inquiéter outre-mesure et comptent manifestement sur notre taux élevé de vaccination pour contenir l’épidémie pendant cette 5e vague. De fait, si les 75% de personnes vaccinées suivent correctement leur parcours vaccinal, 3e dose comprise, on peut espérer diviser au moins par 10 le nombre d’hospitalisation de ces personnes.

    Il ne faut cependant pas surestimer cet avantage (sans parler des 25% restant). Si on laisse filer les taux d’incidence avec des doublements hebdomadaires comme on a pu le voir par le passé, un facteur 10 correspond à environ 3 semaines d’expansion de la contagion. Si la vaccination est en fait plus efficace et nous donne plutôt une division par 20 des hospitalisations, cela ne fera gagner qu’une semaine de plus, avant d’en arriver à la saturation hospitalière. Par contre, si le doublement se fait en deux semaines, un facteur 10 correspond à 6-7 semaines d’expansion de la contagion.

    Cela correspond précisément à la situation actuelle de la France, avec une croissance de l’incidence de 40% par semaine, selon le Président Macron dans son discours du 9 novembre 2021 [1] (ce qui indique bien une croissance exponentielle, en dépit des dénégations de Gabriel Attal du 26 octobre [2]). Ces 7 semaines de gagnées ne nous auraient pas évité la saturation hospitalière au cours de certaines vagues précédentes.

    Par ailleurs ce gain de temps sur la croissance du nombre d’hospitalisations ne s’applique pas aux adultes non vaccinés.

    La diminution du nombre des hospitalisations bénéficiera aussi de la baisse de la contagion due au vaccin. Mais on sait déjà que cette baisse est très limitée. Le simple fait que les taux d’incidence remontent en dépit d’une vaccination à 75% en est la preuve manifeste.

    Quoi qu’il en soit, on peut s’attendre à ce que les autorités laissent filer la contagion, en restant sous un seuil tolérable de saturation des hôpitaux, comme ce fut fait pour les vagues précédentes, pour deux raisons : la préservation de l’activité économique et l’impopularité croissante des mesures de lutte contre la pandémie, alors que nous sommes en période d’élection.

    En supposant que le nombre de lits disponibles reste le même (ce qui ne semble pas certain selon divers reportages qui annoncent 20% de lits en moins faute de personnel), compte tenu de la proportion d’hospitalisation chez les vaccinés, on peut penser que l’on pourrait atteindre des taux d’incidence 10 à 20 fois plus élevés pour un même nombre d’hospitalisations. Si la politique de contrôle de l’épidémie repose sur le taux d’occupation des lits, comme on peut s’y attendre, il est alors très possible que ces taux d’incidence très élevés soient atteints.

    Pour les personnes vaccinées, cela sera compensé par la protection de la vaccination. Mais pour les personnes non vaccinées, cela correspondra à une épidémie 10 fois plus forte sans aucune protection nouvelle. On peut donc craindre d’avoir le même nombre de victimes que lors des vagues précédentes, mais la plupart d’entre elles (environ 9 sur 10) seraient des personnes non vaccinées.

    Il est aussi possible que, sans monter aussi haut, les taux d’incidence atteints soient très supérieurs aux pics des vagues précédentes, ce qui serait déjà particulièrement grave pour les personnes non vaccinées.

    Cette analyse est bien sûr une estimation sommaire, et devrait être affinée sur la base de chiffres plus précis.

    Il serait aussi utile de comparer cette estimation avec les ordres de grandeurs observés dans les pays vaccinés où les taux d’incidence repartent à la hausse.

    Post-scriptum. Il est possible que cette analyse soit interprétée par les antivax comme montrant que la vaccination a rendu l’épidémie encore plus virulente et meurtrière. Ce serait bien entendu une interprétation absurde. La maladie reste ce qu’elle est, et c’est notre façon de nous protéger qui est en cause.
    Toute personne qui se protège mal, que ce soit en n’étant pas vaccinée, en participant des grandes réunions, en ignorant les gestes barrières ou en portant son masque sous le nez, prend un risque pour elle-même (qui peut être accru par le contexte) et contribue à la contagion. Et c’est dramatique pour tous ceux qui, pour des raisons médicales, ne peuvent bénéficier de la protection vaccinale. Sans oublier que le risque d’apparition de nouveaux variants du virus est proportionnel à la contagion.

    [1] https://www.elysee.fr/front/pdf/elysee-module-18689-fr.pdf
    [2] https://www.vie-publique.fr/discours/282185-gabriel-attal