• Lockdowns are killers in the global south
    Dans un article publié sur le site d’information UnHerd le 22 juillet 2021, deux universitaires, Toby Green et Jay Bhattacharya, reviennent sur la surmortalité observée dans les pays en voie de développement pendant l’épidémie de Covid. D’après eux, une part importante de celle-ci serait à attribuer à l’impact des mesures sanitaires elles-mêmes, et notamment la baisse du Produit intérieur brut (PIB) qu’elles ont entraînée, plutôt qu’à l’épidémie de Covid.
    https://unherd.com/thepost/lockdowns-are-killers-in-the-global-south

    Quelques extraits (traduction personnelle) :

    Un rapport sur la surmortalité en Inde a été publié mardi par le Centre pour le développement global. Les auteurs du rapport évaluent l’excédent de mortalité en Inde au cours des 15 derniers mois au nombre vertigineux de 4,9 millions de décès. [...]
    [Les auteurs du rapport y voient la preuve] que la mortalité liée au Covid est « considérablement » supérieure aux 420 000 morts du Covid actuellement déclarés en Inde.

    Nous convenons que cela tende à indiquer que la mortalité liée au Covid en Inde puisse être bien plus haute que les chiffres officiels ne le suggèrent. Mais ce rapport donne-t-il, comme l’affirme The Guardian, « l’image la plus complète jamais donnée du nombre réel de morts de la pandémie en Inde » - ou met-il plutôt en lumière l’impact douloureux des confinements sur les plus pauvres de la planète ? [...]

    Quand le gouvernement a imposé des confinements au printemps dernier, dix millions de travailleurs immigrés dans les villes indiennes, dont beaucoup vivaient au jour le jour de leur travail quotidien, se sont retrouvés sans emploi. [...] des travailleurs ont été forcés de retourner dans leur village d’origine, parfois éloigné de plusieurs milliers de kilomètres. Nous avons personnellement reçu des signalements de millions de travailleurs migrants venant du Bengale-Occidental, toujours bloqués et affamés après que leur travail se soit évaporé, laissés sans moyens de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs famille.

    Les auteurs de l’article pointent également l’impact des mesures de restriction sur la santé publique pendant la pandémie.

    Dans une tentative de réserver les soins de santé aux patients Covid pendant les premiers mois de l’épidémie, l’Inde a restreint l’accès aux cliniques, même à des patients gravement malades. Cette politique a laissé des centaines de milliers de cas de tuberculoses, VIH, cancers, malarias, diabètes, de patients en obstétrique (et d’innombrables autres) sans les soins médicaux nécessaires. A titre d’exemple, la seule absence de traitements pour les tuberculoses au début du confinement a été la cause de 400 000 décès supplémentaires de cette maladie. [...]
    L’augmentation de près de 5 millions de la surmortalité en Inde l’année dernière n’est donc pas principalement liée au Covid-19, mais est la conséquence économique, médicale et sociale des confinements instaurés au printemps 2020 et de la panique qui s’en est suivie.

    Ces constats semblent concorder avec des événements survenus dans d’autres régions du monde.

    Au Pérou, la mortalité toutes causes en 2020 a augmenté de 96 % par rapport à la moyenne des 3 années consécutives – écrasant toutes les hausses enregistrés ailleurs en Amérique latine. Au début du mois de juin, les autorités péruviennes ont attribué la majeure partie de cette mortalité au Covid, revenant sur des décès précédemment attribués à d’autres causes. Ce changement a plus que doublé le nombre de morts du virus, faisant passer le taux de mortalité par habitants du Pérou quasiment au double du pays suivant le plus affecté.

    Cependant, le Pérou a également mis en place l’un des confinements les plus stricts du monde. Les autorités ont attribué l’échec du confinement péruvien à contenir le Covid à des conditions de vie exiguës et précaires. Ils ont raison sur un point. Ce sont principalement les riches avec des emplois stables qui peuvent se permettre un confinement.

    Quoiqu’il en soit, le Pérou est un cas difficile à défendre pour les avocats du confinement. Soit le confinement n’a pas permis de contrôler la diffusion du Covid, soit ses effets ont induit une mortalité venant d’autres causes à des niveaux catastrophiques, comme ce fut le cas en Inde.

    Conclusion des auteurs :

    Alors, à quoi bon débattre des causes de la mortalité ? Ne devrions-nous pas simplement mettre le problème sur le compte de la perturbation causée par la pandémie pour les pays pauvres – une tragédie aussi horrible qu’inévitable – et en laisser les choses-là ? Après tout, nous savons tous que les plus pauvres de la planète sont aussi les plus vulnérables.

    Nous ne devrions pas céder à ce raisonnement fataliste. Si les confinements sont la cause de ce terrible carnage, comme nous le soutenons, et sont inefficaces pour prévenir les dégâts directs du virus, alors nous devons les exclure en tant que stratégie de lutte contre une pandémie.

    #covid #confinement #Inde #Pérou